Dries Van Noten, l'alchimie poétique




Avec 1 000 euros, qu'est-ce que tu peux t'offrir dans une boutique de luxe ? Une paire de Louboutin, un sac Céline, 3 tee-shirts Balmain. Ou une tenue chez Dries Van Noten. Parce qu'on est un peu lobotomisées par les sigles, ce n'est pas la marque qui vient en premier à l'esprit quand on en a 1 000 euros à dépenser dans des vêtements et c'est bien dommage. D'abord parce que Dries Van Noten est bien moins cher que Dior ou Vuitton, ensuite parce que ses pièces sont vraiment différentes et qu'on les achètera pour elles-même, pas pour leur logo. Pas parce qu'elles sont sur tous les Abribus. Une interview publiée récemment par L'Express Styles m'a rappelée à quel point Dries Van Noten reste à part dans l'univers de la mode. 

"Les valeurs de la mode sont un peu démodées", confiait-il à la journaliste. Une phrase qui résume sa façon de travailler, lui si mode et si désuet à la fois. Le créateur belge ne fait rien selon les codes actuels, ni ceux de la mode ni ceux des affaires :
  1. Sa maison est toujours indépendante
  2. Il n'est pas mondain
  3. Il s'inspire de tout : la botanique, les personnages historiques, la sculpture, la peinture florentine...
  4. Il croit que la mode a beaucoup à prendre dans la cuisine
  5. Il part du tissu pour imaginer ses collections (et les fait souvent tisser spécialement)
  6. Il tient à séparer les collections homme et femme
  7. Il ne fait que 4 collections par an
  8. Il met le vêtement en avant et l'accessoire au second plan
Bref, depuis des années, le créateur trace sa route à sa façon et ça marche. La poésie et la sensorialité de ses collections sont de plus en plus remarquées et mises en avant pendant les fashion weeks.

Dries Van Noten, collection 2016


Ses vêtements sont vendus dans 500 boutiques à travers le monde mais Dries Van Noten continue à voir la mode comme une alchimie personnelle et le vêtement comme un objet d'art à savourer.

" Il y a cinq ans, les restaurants étoilés étaient les seuls à servir de la nourriture de très haute qualité. Désormais, vous pouvez trouver d'excellents produits servis dans un petit restaurant parisien du XVIIIe arrondissement.   
La mode demeure ce restaurant trois étoiles enfermé dans son palace, sauf qu'on y sert partout la même recette.  
Elle pourrait beaucoup apprendre de la gastronomie. Les gens devraient pouvoir apprécier tous ces petits détails qui relèvent de l'humain et qui lui donnent toute sa saveur. " Dries Van Noten, in L'Express Styles, sept. 2016

Cet esprit intemporel et bohème, le couturier l'a retranscrit dans sa boutique de Saint-Germain-des-Prés agencée comme un salon ou une bibliothèque. Une décoration chaleureuse et personnelle, où les couleurs répondent aux matières. Ici, la mode est un art de vivre, une symphonie, dans laquelle le vêtement est l'aboutissement de mille réflexions. Pas un objet jetable.

stelda

6 commentaires:

  1. J'ai toujours été fan de Dries van Noten. Je ne sais pas, j'adore les imprimés même si je ne les ose pas tant que ça sur moi, et je suis très sensible aux couleurs, et c'est un vrai maître en la matière. Je le vois un peu comme un paysagiste de la mode, lui qui adore jardiner :-) Il m'inspire beaucoup et j'ai plein de Dries dans mon Pinterest !! Et puis je voudrais habiter dans sa boutique ;-)
    Et malgré tout ça, je n'ai jamais rien acheté chez lui, je n'ai pas vraiment les moyens, mais j'irai faire un tour aux soldes, on ne sait jamais...

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    1. Et puis le maquillage du dernier défilé, à l'allure un peu décadente esprit Kees van Dongen, j'adore !!

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    2. J'aime beaucoup ton expression "paysagiste de la mode" : c'est tout à fait ça. Ses collections ne sont pas données mais en passant devant sa boutique l'an dernier, j'avais repéré une paire d'escarpins à 200 et quelques euros. C'est moins cher que du Maje...

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    3. Dans ce cas, c'étaient peut-être les soldes ? C'est surprenant comme prix.... En même temps, au moins une partie des vêtements est fabriquée en Chine, et ça me chagrine... même si maintenant en Chine il y a de très bons fournisseurs, c'est une question de principe, surtout pour ce prix. Et Maje, Sandro et consorts, je n'y mets plus un orteil ;-)

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  2. Si je pouvais transformer ma boutique comme la sienne. Le rêve.

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    1. Je te comprends! j'adorerai transformer mon salon comme sa boutique :D

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