Qui sauve le made in France ?

Bernard Arnault, bien sûr. L'homme qui, selon Anne Hildago, "fait un très beau cadeau à la France" via la fondation Louis Vuitton inaugurée sous l'oeil ému des politiques en octobre 2014. Je ne comprends vraiment pas ce que certains ont contre Bernard Arnault. On l'accuse d'avoir tué l'industrie textile française ? Fredaines! Pour 15 000 emplois non qualifiés et supprimés, il en a créé 121 000 hautement qualifiés, rappelle-t-il. Il pense certainement aux employés des 3700 boutiques LVMH. Ce ne sont certainement pas les ouvrières du Nord "non qualifiées" qui avaient ce fameux savoir-faire made in France que les Chinois, les Brésiliens et les Japonais s'arrachent. 


"Connaissez-vous le président de la France ?" demande Bernard Arnault à un chauffeur de taxi new-yorkais. "Non, mais je connais Christian Dior,"répond le chauffeur. Le malheureux était loin de savoir qu'il allait déclencher un tsunami industriel et financier. L'idée reste ancrée dans la tête du jeune Arnault. Deux ans plus tard, il met la main sur Boussac.

"Ce qui explique ma réussite, c'est la créativité, l'originalité", explique Bernard Arnault sur le plateau de France 2, le 22 décembre 2014. Il a surtout le sens de la perfection et des affaires. Il sait aussi s'entourer de personnes extrêmement compétentes, de fidèles comme Michael Burke, PDG de Vuitton. Gérard Delorgey, ancien directeur de Boussac, souligne : "Bernard Arnault est intelligent. bien plus que les autres." Sa principale intelligence est d'avoir su transformer le qualificatif d'industriel après l'affaire Boussac. En 1980, Maurice Boussac meurt ruiné et laisse Boussac textile, empire de l'industrie textile française, en de sales draps. Arnault s'engage à garder les 15 000 salariés et les 13 usines. Le gouvernement socialiste de l'époque, via Fabius et Miterrand, lui fait confiance et lui offre 300 millions de francs, histoire de mettre le pied à l'étrier de ce petit jeune prometteur. Trois mois plus tard, Bernard Arnault commence à dépecer l'empire. Il ferme les usines et ne garde que la maison de couture Christian Dior, Conforama et Le Bon Marché, trois fleurons de la technologie industrielle, comme tout le monde le sait.

Pour soutenir l'emploi en Europe, le champion du made in France n'hésite pas à délocaliser en 2006 la fabrication des costumes Kenzo et Givenchy en Pologne. Coût de fabrication sortie d'usine dans le Nord de la France : 80 €. Coût en Pologne : 40 €. Prix de vente en magasin : 850 €. Aujourd'hui, ces costumes sont partis un peu plus loin, en Bulgarie. Il faut bien payer la pub.

Heureusement, le 24 février, un petit documentaire indépendant sort en salle : "Merci, patron". Son réalisateur, François Ruffin, a décidé de rendre justice à ce grand patron et de montrer la générosité de Bernard Arnault à l'égard de ses anciens ouvriers au chômage.



La critique des Inrocks

Pour aller plus loin :
Vuitton : un silence ordinaire

Le jour où les ouvriers se sont invités à l'AG de LVMH - Fakir Presse

Vuitton/collaboration : censure à Géo Histoire - Arrêt sur images

Vuitton : scandale au musée - Louvre pour tous

L'accès à la puissance économique de Bernard Arnault

Bernard Arnault, roi du quadrillage de la politique et des médias - Le Canard enchaîné

Quand LVMH vend des échantillons gratuits à ses employés - Le Canard enchaîné

Le Mensonge original - Fakir Presse, enquête complète (volet 2, volet 3)

Un portrait de Bernard Arnault censuré par Laurent Joffrin - Acrimed et sur Arrêt sur Images

Kenzo et Givenchy délocalisés en Pologne - Le Monde diplomatique, Le Parisien et Le Videpoche

Levée de fronde contre Merci Patron - Fakir Presse et Revue Limite

Circulez, y a rien à voir - L'Humanité

Bernard Arnault contre-attaque - France24

Vidéo : 
Airy Routier interviewé par Thierry Ardisson - archives INA

Bernard Arnault, l'homme qui valait 30 milliards - Complément d'enquête avril 2014



Bibliographie : 
L'ange exterminateur, la vraie vie de Bernard Arnault, de Airy Routier, éd. Albin Michel, 2003

Luxe & Co,

Louis Vuitton, une saga française, de Stéphanie Bonvicini, éd. Fayard, 2004

Guerre du luxe, l'affaire LVMH, de Philippe Monin et Claude Vincent, éd. Julliard, 1994

stelda

4 commentaires:

  1. Bonjour Stelda. Ça n'a rien à voir (ou presque) avec l'article mais as-tu déjà entendu parler de exagona, le site internet qui ne vend que du made in france? Je ne suis pas assez calée pour savoir ce que ça vaut donc si tu as une opinion dessus, je veux bien l'avoir :) A bientôt, je prends toujours beaucoup de plaisir à te lire.

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    1. Bonjour Mamamia, merci beaucoup pour ton adorable commentaire.
      Je connais la Fabrique hexagonale, mais pas Exagona. Il faut regarder la fiche de chaque fabricant, en général, c'est bien expliqué. Sinon, tu peux consulter mon onglet Penderie : j'ai vérifié du mieux que j'ai pu les lieux de fabrication et la qualité des produits, en sélectionnant des marques dont les produits sont aussi assez mode :)

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