Le cas de la publi-expo



"Sur la façade du Grand Palais, deux affiches géantes indiquent les expositions du moment : « Picasso.mania » et « Volez, Voguez, Voyagez – Louis Vuitton ». Sur Internet, l’institution culturelle en fait pareillement la promotion. À première vue, aucune différence. À l’intérieur, non plus. En dehors du fait que l’une est payante et l’autre gratuite, toutes deux bénéficient d’un habillage professionnel. La scénographie de la seconde est particulièrement somptueuse. 
Pourtant, un fossé invisible les sépare." 
Bernard Hasquenoph, in Le Monde.

On l'a vue dans Libé, Marie-Claire, France Culture, Les Echos, Le Bonbon, ELLE, BFM Business, Sortir à Paris, Vogue, Le Figaro, Luxe Magazine... sans parler d'un nombre incalculable de blogs. Bref, il faudrait vivre dans une grotte avec un bandeau sur les yeux et les oreilles pour passer à côté de l'exposition Volez, Voguez, Voyagez organisée par la maison Vuitton au Grand Palais. Le titre est poétique comme tout, l'exposition regorge de curiosités. Elle a la caution d'un grand nom de la mode, Olivier Saillard. Mais, comme le souligne Bernard Hasquenoph, il y a un os. C'est une publi-expo. L'équivalent d'un publi-reportage, quoi. Louis Vuitton a loué l'espace. Sauf que c'est marqué nulle part et que l'entrée est gratuite (et quand c'est gratuit, c'est qui le produit ? Vous connaissez la suite...).
C'est loin d'être la première du genre : sur son site, Louvre pour tous, Bernard Hasquenoph en a répertorié 34, dont 16 organisées par le groupe LVMH (voir la liste complète, de Cartier à Condé Nast en passant par Playmobil, c'est impressionnant).

Parfum, chaussures, éventails, malles ou robes du soir, bijoux, perruques, sacs à main, miroirs.... la mode a toute sa place dans les musées puisqu'elle témoigne des évolutions sociales, artistiques et techniques de son époque. On l'a vu avec l'exposition sur les boutons, organisée par les Arts Déco. Là où ça coince, c'est quand il s'agit d'une expo mono-logotisée, sans recul ni mise en perspective du travail de la marque avec ses hauts ET ses bas. L'intérêt artistique et historique en prend un coup dans l'aile. Sans parler du reste, que Bernard Hasquenoph explique très bien sur le site du Monde : ce type d'évènements soulève un paquet de questions déontologiques.


PS : Le Grand Palais, c'est 2 millions de visiteurs annuels. Et avec Picasso en produit d'appel voisin de table, Vuitton peut espérer récupérer un joli flux de touristes en transe.

stelda

5 commentaires:

  1. Alors, je dois vivre dans un grotte, je n'étais pas au courant de cette exposition. Mais je n'irai pas la voir. Avant le Who's next, j'ai prévu la visite du château de Versailles.

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    1. :) Ca risque d'être plus long mais je pense que tu vas te régaler.

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  2. Je trouve bien que vous traitiez ce sujet. Je l'avais appris en écoutant une émission de France culture (dont je ne me souviens plus le nom) mais j'ai l'impression que c'est un peu passé inaperçu.
    Très bonne année à vous Stelda ! Bises. Nina

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    1. Merci beaucoup Nina, je vous souhaite une très belle année à venir. Les publi-expo sont de plus en plus nombreuses et c’est inquiétant. Un musée apporte une caution morale et scientifique aux oeuvres. Dans le cas d’une marque, le musée va la valoriser et avaliser ce qu’elle est. Clairement, ce n’est pas son rôle. Et dans le cas de Vuitton, on assiste carrément à une relecture de l’histoire pour flatter la marque. C’est honteux. Bises

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