Meshu crée des bijoux dont le dessin suit vos déplacements |
- D'abord, il n'y a plus de tendance. Il y a "des courants". Ca m'arrange, je peux me laisser porter.
- Les
tendancescourants, ça se détecte dans la rue, en regardant les vrais gens, si possible à Vladivostok ou Quito. Plutôt Quito, il y fait plus chaud et c'est plus politiquement correct, parce que la Russie, c'est l'Empire du mal et l'Amérique du Sud, c'est bien, il y a plein de pauvres Indiens ex-colonisés à sauver. Comme je suis déjà jetlaguée par le parcours bi-journalier maison-bureau, je chasse les tendances dans le bus. C'est intéressant aussi, il y a plein de gens qu'on ne voit jamais dans les magazines ni les lancements : des petits, des gros, des blancs, des noirs, des roux, des frisés, des en fauteuil roulant et même des vieux. Et aussi des gens avec des poussettes. - J'ai un
métrosexuel bobo normcore hipsterdécroissant à la maison. Vivre avec Mr, c'est connaître le courant de fond de demain. Suffit de l'observer pour connaître les trucs qui vont cartonner sous 24 mois.
Ajoutez-y deux jours au salon Maison&Objet, quelques échanges avec Lutin n°1 et ses copines, la lecture intensive du Canard Enchaîné et La Tribune et j'ai dégagé facilement les pistes principales. Résumons :
CôtéIl faut se mettre d'urgence au café italien. Longtemps boisson des rebelles face au thé, le café reprend du poil de la bête et j'ai l'impression que tout le monde, autour de moi, a sa cafetière Bialetti. Sinon, garder la tisane, une valeur sûre pour encore quelques mois.bouffe gastrofood :
Le barbecue a mis la pâté au sans-gluten. Soit le lobby de la viande est plus fort que celui du soja, soit certains adeptes, tentés par l'effet de mode, ont lâché l'affaire avant d'attendre d'en recevoir les bénéfices. Rien n'est perdu : ils peuvent réconforter leur organisme encrassé avec une bonne hydrothérapie du colon.
Oublier le burger et les bagels, on en a mangé jusqu'à plus soif. Un collègue ne voulait meme plus tenir la rubrique critique de restau, il faisait une overdose de frites et de pain. Les restos de sushis ferment. Passez à l'alliance chocolat-vins et courrez les trattorias, la nouvelle bistronomie est italienne.
Bien sûr, boire ses spritz et ses mojitos dans un verre à pied en cristal XIXe, mais ça, on en a déjà parlé.
Bien sûr, boire ses spritz et ses mojitos dans un verre à pied en cristal XIXe, mais ça, on en a déjà parlé.
Mode et décoration :Le prochain pays inspirant, c’est justement l’Amérique du Sud. Pourquoi? Parce que pendant 50 ans, personne ne s’y intéressait, sauf pour commenter le tour de hanches de Maradona et s'apitoyer sur les favelas (et se faire des sous avec Che Guevara en cendrier, en abat-jour ou en chaussettes). Maintenant qu’il y en a de plus en plus en France, ça devient intéressant, on peut enfin s'identifier. Aucun rapport avec le marché du cosmétique qui reste à défricher au Brésil ou au Mexique. Et tant pis si l’Amérique du Sud est un continent et pas un pays, on est dans le ressenti. Merci.
Si vous voulez acheter de l’art, misez sur le Land art. C’est le plus exclusif de tous. Comme il s'agit d'oeuvres installées dans les champs et les forêts, c’est un peu coton à recréer dans un loft. D’où sa rareté dans les collections des grands de ce monde. Achetez, c’est le moment. Et c'est un des rares trucs que Bernard Arnault n'a pas encore pensé à acheter.
Fuyez la fashion week, le nouveau snobisme sera de ne pas assister aux défilés. Givenchy a voulu faire genre "on démocratise la mode" en ouvrant son défilé newyorkais au public. La réalité, c’est qu'il est de plus en plus difficile d’attirer les journalistes. La faute aux shows de plus en plus courts, de plus en plus rapides, de plus en plus conceptuels, durant lesquels on voit de moins en moins les vêtements et pour lesquels on attend de plus en plus longtemps. Si en prime il faut côtoyer les vêtements H&M de l’année, non merci.
Décoration : années 1930. Exclusivement. Eventuellement, une touche de baroque twisté par des matières industrielles. Jetez tout votre intérieur scandinave. Et n'écoutez pas Art et Décoration qui vous conseille de repeindre en pastel une commode en bois plaqué, c'est une hérésie que vous regretterez en 2017, quand la-dite commode se vendra 1.500 euros aux puces.
Mode de vie :Acheter un château. Autrefois estampillé aristo et tradi, inchauffable, paumé, sans wi-fi, ruineux, le château correspond pile poil à tout ce qui fait vibrer la hyposphère depuis quelques mois : vintage (+++), déconnexion, transmission, matières nobles, authenticité, french way of life. Bref, c'est l'accessoire parfait pour étaler son compte en banque avec goût. Surtout, le garder dans son jus, sous peine de passer pour un nouveau riche.
Se soigner avec des odeurs. Après l'homéopathie, la phytothérapie, la musicothérapie, le monde est pris d'une envie de sniffer. Peut-être parce que c'est le plus primitif de nos 5 sens....
... Et oui, c'est la fin de l'intellectualisme. Ne plus se prendre le chou. Avancer pas à pas. Un mélange d'hédonisme et de slow life. Avec de l'auto-dérision, ce sera top. Prochain défi : trouver un mot valise qui concentre les trois.
Envoyer des cartes postales. On le croyait mort, mais non, le papier est partout et la jolie papeterie s'arrache. Plus rare et plus précieuse qu'un mail, la carte va faire son grand retour. Hop, je vais commencer tout de suite celles de fin d'année!
Arrêter les réseaux sociaux. Ca va avec l'item précédent. Après le boycott de Facebook, c'est Instagram qui commence à prendre des coups sur le nez. Alber Elbaz les a dénoncés avec beaucoup d'arguments, Sociality Barbie a frappé et je n'ai qu'un regret : celui ne ne pas l'avoir inventé (comme quoi, on sous-estime toujours le pouvoir de Barbie). Le nombrilisme, c'est so 2010. Un seul mot pour 2016 : l'empathie. Ressources humaines, marketing, créateurs,
J'en ai sûrement oublié. Je reviendrai!
PS : et oui, le couturier caché de vendredi était bien John Galliano pour Maison Margiela.
Quel régal ce post :) - avec quelques observations si justes ! Pourra-t-on avoir une photo de Mr qui suit toutes les tendances... ?
RépondreSupprimerPour les défilés de mode, comme nous n'avons jamais été conviées, nous pouvons nous considérées être des snobs !
Pour la déco, nous sommes partantes pour les années 30, parce que le mobilier des années nous fiche le cafard. Nous en parlons justement http://wp.me/p2H2o8-5A6
Vous me connaissez : jamais de photos privées :)
SupprimerJe suis assez d'accord avec votre post et je comprends ce que vous ressentez : j'ai grandi entourée de mobilier 50's. J'aimais beaucoup certaines pièces, mais elles restent tout de même trop marquées pour moi :)
Bien sur, nous parlions du mobilier des années 50 qui nous fichait le cafard...
SupprimerRemarque, il existe des châteaux moins chers qu'un 3P à Paris... mais bon, faut pas avoir la toiture à refaire.
RépondreSupprimerA Périgueux, tu as un hôtel particulier pour le prix d'un 50 m2 parisien...
SupprimerPutain je vais enfin être hyper branchée !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
RépondreSupprimerLa DERIDATUR, c'est donc pour 2016 (pas de mot valise, je fais dans le néologisme, tu me connais).
Merci pour cet article Stelda, journaliste des journalistes.
J'ai pensé très fort à toi en écrivant ce post, tu sais. Je te voyais boire un mojito sur une table post-industrielle.
SupprimerLa reine des chasseurs de "courants", c'est toi !! super rigolo. La trattoria, je valide ++
RépondreSupprimerMerci Laurence :D. J'aurai adoré en faire mon métier mais je n'ai jamais osé. Peut-être en 2016 ?
SupprimerMoi j'ai deux courants en plus pour toi :
RépondreSupprimer- si vous voulez investir dans l'art, j'ai plein de beaux tableaux hyper pas conceptuels du tout chez moi
- et je connais un super instagram à 4 mains où on parle des amours contrariés d'une princesse Ariel et de son Eric séparés par la géographie, au moins un 72ème aussi drôle que Barbie!
Je me suis amusée à lire ce post. On verra si Mme Irma a dit vrai. Il y a quelques trucs que je pense vrai comme la fin du burger.
RépondreSupprimerLe café, j'y suis toujours adepte mais j'aime aussi les tisanes.
Hello,
RépondreSupprimerChouette article ! Très juste GROS retour à la nourriture italienne, dans le 11 eme à Paris, j'ai l'impression de ne voir plus que ça ouvrir depuis quelques mois.