Le bouton, ce détail...


... qui dit tout. De beaux boutons sauvent une robe à la matière passable. A l'inverse, de vilaines verrues imitant le métal assassinent une belle veste. Pourtant, cet accessoire textile est très méprisé des marques actuelles. Combien de marque "haut de gamme" se contentent d'affreuses pastilles en plastique ? Citez-moi un créateur connu qui chiade un peu ses boutons ? Gaultier est une exception. Ou il n'y en a pas, ou personne ne les montre. 

Rarement de gros plans sur les boutons dans les photographies de collections. Aucun créateur n'imagine sa collection autour des boutons. Quel gâchis... Plutôt qu'une énième série de robes dorées, de chemises "déconstruites", une pièce créée pour ses boutons, ça déchirerait. Vraiment. 

Une amie créatrice de bijoux m'avait confectionné des boutons sur-mesure pour les sacs que je fabriquais et plusieurs de mes modèles étaient imaginés uniquement autour de leurs boutons... Il y a 10 ans, une styliste marseillaise qui n'avait pas les moyens d'acheter des centaines de boutons a choisi de coudre de les dépareiller sur ses vêtements, elle a fait un malheur. La collectionneuse de haute couture Mouna Ayoub confie même : "Un modèle qui n'a pas de boutons ne m'intéresse pas!" Et elle a bien raison, les boutons sont la cerise sur la robe. Un bouton bien cousu, une boutonnière soigneusement ouverte, c'est un vêtement bien fini.

Les Arts Décoratifs exposent enfin cet objet négligé. 3000 boutons de tous les styles, soigneusement collectionnés pendant 25 ans par l'artiste Loïc Allio. Le bouton se plie à toutes les matières : raphia, cuir, navre, écaille, pierre précieuse, plastique, bakélite, fourrure, perle, émail, acier, tissus, comme le montre le diaporama présenté sur le site des Arts Décoratifs. Sur les habits d'hommes du XVIIIe siècle, les boutons étaient parfois en rubis ou en diamants. Si les artistes dessinent des imprimés, les sculpteurs du siècle dernier ont créé des boutons. 

Le bouton est un manifeste politique, un aveu, un clin d'oeil, un objet d'art, un signe social, un témoin des progrès techniques. Comme tout objet de mode, il est un marqueur de son époque. 

Déboutonner la mode, aux Arts Décoratifs. Jusqu'au 19 juillet 2015.
Un modèle "rébus" exposé

• du mardi au dimanche de 11h à 18h - dernier billet vendu à 17h30 
• le jeudi : nocturne jusqu’à 21h - dernier billet vendu à 20h30 

107 rue de Rivoli, Paris 1er.
Métro Palais Royal, Pyramides ou Tuileries.

stelda

23 commentaires:

  1. .. en "nacre" sont mes préférés (surtout sur les chemises) mais j'achète souvent mes fringues aux puces, et je change souvent les boutons en général, ça donne tout de suite une autre allure.

    Des bises Stelda ♥
    Sylvie

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    1. Les boutons en nacre, on ne s'en lasse pas. Et ils existent dans toutes les tailles, toutes les formes. J'en ai chiné de ravissants en forme de fleurs, de soleil stylisés... Comme toi, je change souvent les boutons et hop, on a une nouvelle fringue. Magique. Bises!

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    2. Les boutons pour enfants sont jolis aussi.

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    3. Oui, ce sont les seuls à garder encore de la fantaisie :)

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  2. Super, il faut que je trouve le temps d'y aller : je suis une fan et une collectionneuse de boutons.

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    1. Ah oui, il faut absolument que tu voies cette expo. Elle est faite pour toi.

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  3. C'est vrai que les boutons "fantaisie" ne sont pas spécialement à la mode aujourd'hui. Cela reviendra. Pour le bonheur des fabricants dont le nombre en Europe s'amenuise. Pour ma part, j' achète souvent les petits boutons de chemise en nacre dès que j'en trouve dans un vide-grenier.

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    1. Eudoxie m'avait laissé les coordonnées d'une créatrice de boutons qui fait des merveilles. Il faut que je lui redemande, je ne trouve plus son nom.
      J'adore dénicher de beaux boutons sur les vide-greniers. J'en ai trouvé en verre taillés comme des diamants, en jais... J'en ai des tiroirs :)

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  4. J'ai toujours un grand pot en bakélite rempli de boutons dépareillés qui me vient de ma grand-mère couturière (1930-1950 environ). Je ne jète jamais un bouton qui s'égare....et pourtant ça ne me sert pas vraiment...j'ai comme ça plein de jolies petites boîtes métalliques (genre savons anciens, pleines de boutons de toute sorte. C'est dan sles veines moi je dis ;)))

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    1. Haha, on est toutes des collectionneuses de boutons, en fait! C'est super.

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  5. J'aimerai bien y aller, passionnant sujet
    Bisous ma Stelda

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    1. Je suis ravie que le sujet vous fasse autant vibrer que moi. Conclusion : vite, les créateurs, faites-nous de jolis collections pleines de beaux boutons!
      Gros bisous, Sylvie

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  6. Vous avez raison, cela semble être un détail, et pourtant, il peut faire une différence !

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    1. Et oui. Le Diable est toujours dans le détail, comme dit le proverbe.

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  7. Un manifeste politique, peut-être pas, mais un détail d'importance, c'est certain, je partage votre point de vue. Quant à une collection autours des boutons, c'est une bonne idée !

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    1. Mais si : pendant la Révolution ou l'Occupation, il y avait des boutons bleu/blanc/rouge, ou gravé avec une fleur de lys, etc. Une manière d'affirmer ses convictions politiques!
      Je ne l'ai pas présenté ici mais dans le diaporama des Arts Déco, on voit une veste Schiaparelli à couper le souffle.

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    2. Cela m'intéresse beaucoup j'espère que vous aurez l'occasion d'en présenter !

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    3. et les boutons pressions sur les chaussettes pour ne plus les perdre dans la machine on en parle ;))

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    4. Hervé : oui, surtout, je vais rechercher cette créatrice de boutons qui fait des petites merveilles ;).

      Sylvie : ahah, une marque made in France y a pensé et le fait! C'est Saint Crespin, qui est sur ma page penderie. Leur site : http://www.saint-crespin.com/fr/

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  8. J'aime beaucoup les boutons aussi :-) J'ai déjà changé les boutons d'un manteau Camaïeu par des modèles achetés en mercerie, on voit tout de suite la différence ! (bon... maintenant le manteau est devenu trop petit..., tant pis).
    Le hic avec les beaux boutons, surtout sur les grosses pièces qui doivent aller chez le teinturier, c'est qu'on risque de les abîmer, ils ne les garantissent pas pendant le nettoyage, ou alors il faut les couper puis les recoudre... J'ai perdu un bouton comme ça, d'un beau manteau vintage, j'ai ragé puis trouvé de magnifiques remplaçants, en jais facété :-)
    Je ne veux pas rater cette expo, merci Stelda !

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    1. Je t'en prie :) Je me doutais que ça intéresserait plusieurs d'entre vous. C'est vrai que ceux en nacre ou en verre se rayent et n'aiment pas trop les lessives corrosives.
      Le jais faceté, c'est une merveille...

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  9. J'avais déjà le projet d'aller voir cette exposition, mais ton billet m'enthousiasme !!

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    1. Merci :) Les Arts Déco ont le chic pour proposer des expo passionnantes.

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