Et maintenant, on va où ?


Personne ne sait. Mais on peut aller au Liban, sur les pas de Nadine Labaki, la réalisatrice dont les films "naissent d'une révolte". Révolte contre la guerre, la bêtise, l'orgueil des hommes. Un film qui est aussi un hommage à la force des femmes. A leur amour, prêt à tout pour ramener la paix au sein d'un village.
Le film s'ouvre sur une scène hors du temps, un cortège de femmes jeunes et moins jeunes, vêtues de noir, zigzaguant vers le cimetière. Ou plutôt, les cimetières, car il est divisé en deux parties : d'un côté les musulmans, de l'autre les chrétiens. Symbole d'un pays où 18 religions cohabitent, se serrent les coudes, se battent, se méprisent ou s'unissent autour d'un grand cèdre.

Nous sommes bien loin du féminisme criard à l'occidentale. Dans ce village fantômatique perdu dans la montagne et noyé de poussière, les femmes s'unissent pour sauver les hommes avec la complicité du cheikh et du prêtre.  Elles vont tout tenter pour empêcher leurs fils et leurs maris de reprendre les armes en prétextant leur religion.

Après le tournage de Caramel (sorti en 2007 et adapté dans 60 pays), Nadine Labaki s'est interrogé sur sa responsabilité d'être humain, de femme, de mère. "Quelle serait ma réaction si mon fils devait partir à la guerre ? Assurément, j’aurais tout fait pour l’empêcher de prendre un fusil. J’aurais coupé la télé, j’aurais amené une jolie fille pour le divertir, je l’aurais enfermé, ligoté… J’aurais tiré dans son pied !" explique-t-elle. Autant de scènes drôlatiques qui défilent dans Et maintenant, on va où ?

Les chrétiennes se voilent, les musulmanes portent la croix. Ce qui pourrait passer pour un rejet de la religion est une façon de montrer que les signes extérieurs ne sont que des marques artificielles. Et lorsqu'elles perdent leur sens, il ne reste que l'humain. L'amour, la haine, la solitude. "Ce n'est pas la foi qui rend violent," précise Nadine Labaki. "C'est l'interprétation de la religion." 
Au Liban, où la censure existe, le film a été accepté sans difficultés par les autorités : une preuve, pour la réalisatrice, que tout un pays est las de la guerre. L'acteur qui joue le cheikh est chrétien dans la vraie vie et inversement celui qui qui joue le prêtre est musulman. Un signe du destin, pour Nadine labaki et surtout, un signe d'espoir : « Et si on acceptait l’autre ? Et si un jour on devenait l’autre ? » C’est ce que font ces femmes, elles mettent leurs hommes devant le fait accompli : « Maintenant je suis l’ennemi, ta famille est l’ennemi. Que vas-tu me faire ? Me taper dessus ? »


Un film à regarder, encore et encore. Pour réfléchir, avoir envie d'aller vers l'amour. Pour se rappeler que les femmes sont toujours plus fortes qu'on ne le croit et que leur force se situe bien au-delà de slogans agressifs.

Dédicace spéciale à Manal et à toutes les femmes fortes que j'ai le bonheur de connaître

stelda

17 commentaires:

  1. J'avais adoré ce film et tu me donnes envie de le revoir!!!

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    1. Je pense qu'on peut le voir plusieurs fois sans se lasser : il est très riche.

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  2. Je vais essayer de prendre le temps pour le regarder.

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    1. Il n'est pas très long et il se regarde facilement. Il n'y a pas de temps mort, on passe du rire aux larmes.

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  3. Merci infiniment pour cette dédicace Stelda ! Elle me touche énormément ! Et Bravo pour ce bel article qu'elle accompagne !
    J'ai pu voir ce film récemment, suite à tes conseils, et j'en ai tiré autant d'émotions qu'il m'a tiré de larmes aux yeux. Ce village est virtuel et n'existe pas au Liban, ce qu'il lui donne une dimension nationale, voire internationale. Il existe encore beaucoup (trop) de pays où les conflits religieux conduisent à des situations absurdes ; chacun pourrait donc en tirer un message personnel et en transposer l'histoire dans son pays.

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    1. Je t'en prie :) C'est aussi ce qui m'a touchée : une histoire intemporelle, que nous pouvons tous nous approprier.

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  4. J'avais adoré Caramel et dans le même style "La source des femmes" mais celui là, je l'ai laissé passer.

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    1. Je n'ai pas encore vu Caramel : c'est le prochain sur ma liste!

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  5. Comme Lolotte, nous avons laissé passer ce film et votre article nous donne des regrets.Ce sont souvent les femmes qui font basculer les idées, peut-être parce qu'elles sont plus dans les réel et moins dans l'idéologie abstraite ?

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    1. Vous touchez du doigt une différence en effet essentielle et dont on parle peu :).

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  6. J'ai vu ce film au cinéma à sa sortie, juste après le printemps arabe qui lui donnait une résonance particulière, j'en garde un souvenir très fort et émouvant...

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  7. Oh quel beau film, tout plein de force ! Et beau en plus. Je l avais adoré !

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    1. Plein de force : c'est tout à fait ça. Et Nadine Labaki a des propos très forts, engagés sans militantisme. J'aime :)

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  8. Mon Dieu, quel film merveilleux! J'avais découvert Nadine Labaki sur l'émission de ciné sur Canal + dont je ne connais même pas le nom du présentateur, la honte. Un mec un peu chauve qui a une gueule sympa. Bref, l'invitée était cette fille qui faisait la promo du film. je suis restée bouche bée devant son charisme!

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