Isabelle Grandval |
Là, on se sent un peu bête. Il y a des évidences que l'on oublie quand on théorise sur la mode éthique. C'est vrai qu'on a longtemps reproché aux produits éthiques de manquer de glamour. Les choses changent car les marques ont compris que l'attractivité du produit était essentielle pour capter (et sensibiliser) une nouvelle clientèle au commerce et à la création durable.
Mais Isabelle nous rappelle l'envers du décor : travailler dans certains pays, c'est aussi avoir d'autres contraintes difficiles à concilier avec l'exigence occidentale d'ultra perfection commerciale. Cette rencontre avec Isabelle m'a terriblement touchée. Avec toute sa conviction, sa passion, Isabelle n'a rien d'un ayatollah : "on ne peut pas en vouloir aux gens de ne pas penser mode responsable", me dit-elle. "Ceux qui ont du mal à boucler les fins de mois ont d'autres préocupations que l'éthique des étiquettes". Mais elle, tient à oeuvrer à sa manière, persuadée que le monde bouge grâce à chacun.
Isabelle a eu un coup au coeur il y a 8 ans, en Birmanie, entre deux avions. Le hasard lui a offert cinq jours de temps libre : elle les passe à se promener sur les marchés et dans les ateliers. "Il s'est passé quelque chose au fond du bide", en découvrant un savoir-faire qui l'a impressionnée et qu'elle a voulu valoriser.
Alors Isabelle a monté des ateliers de rue. Elle a utilisé son expérience professionnelle dans l'humanitaire et le marketing, l'a agrégée aux compétences des artisans locaux : Zaza Factory est né, un lien entre deux univers, deux continents, deux savoirs-faire. La Birmanie est la poubelle de l'Asie : le pays récupère tous les déchets des ateliers de confection des grandes marques installés dans les pays autour (Inde, Vietnam...). Isabelle saisit cette opportunité de récupérer des chutes de soie, de cuir, de coton d'excellente qualité, dessine des modèles de bijoux et de sacs et en confie la fabrication à des femmes birmanes.
La première collection est vendue au Bon Marché, un coup de projecteur qui a offert à Zaza Factory une reconnaissance de sa créativité et de son professionnalisme.
Isabelle est lucide : "Dans commerce équitable, il y aussi commerce, il ne faut pas l'oublier. On vend quelque chose. Et dans la mode, il faut d'autant plus que le produit soit attractif. Personne n'a envie d'avoir un pull en laine qui gratte et qui sente le mouton".
Les produits plaisent et très vite, Isabelle crée des séries limitées pour Agnès B, André, 123.
Aujourd'hui, elle dessine deux collections par an, bijoux et sacs à main principalement.
Aujourd'hui, elle dessine deux collections par an, bijoux et sacs à main principalement.
Collection Cabourg, en crochet et strass, fait main dans un atelier à Delhi collier argent, 65 € |
bracelet Edition Monaco |
La récup' lui offre aussi plus de fantaisie. Isabelle a horreur de la monotonie et adore partir de nouveaux matériaux à chaque collection. Depuis, Zaza Factory a aussi travaillé avec l'Inde et la Bretagne (avec des CAT locaux, les ateliers embauchant des femmes handicapées). Sa dernière collection de bijoux mêle porcelaine de France et décors indiens. Un pied en Orient, un pied en Occident.
broche luxe calme et volupté, 39 euros
collection Femmes du Monde, ceramique ou porcelaine et strass.
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J'ai une faiblesse particulière pour cette collection en porcelaine et pour la pochette "Premiers secours".
Collection Bio recyclé, Edition Paris - Eté 2013 pochette en coton bio - 39 € |
Outre ses propres collections, Isabelle renouvelle cet été deux collaborations : avec le Club Med, une ligne de cabas en jute recyclé, et pour Agnès B, des bijoux en céramique qui reprennent les photos d'Agnès B.
Il y a des jours où j'en ai un peu marre de parler robe et vernis toute la journée, des jours où je me sens terriblement vaine et superficielle, des jours où je me dis "à quoi bon ?". Et puis une rencontre comme celle d'Isabelle vient rappeler que la mode est aussi un vecteur, une façon de transformer le monde à sa manière, de créer des liens, de mélanger les cultures et les esprits. La création et la parure peuvent être un outil comme un autre et contribuer à améliorer le quotidien de tous. Même si c'est petit, si c'est infime, chaque geste compte. Isabelle nous le prouve. Merci à vous, Isabelle, pour cette passion du coeur.
Il y a des jours où j'en ai un peu marre de parler robe et vernis toute la journée, des jours où je me sens terriblement vaine et superficielle, des jours où je me dis "à quoi bon ?". Et puis une rencontre comme celle d'Isabelle vient rappeler que la mode est aussi un vecteur, une façon de transformer le monde à sa manière, de créer des liens, de mélanger les cultures et les esprits. La création et la parure peuvent être un outil comme un autre et contribuer à améliorer le quotidien de tous. Même si c'est petit, si c'est infime, chaque geste compte. Isabelle nous le prouve. Merci à vous, Isabelle, pour cette passion du coeur.
C'est vraiment touchant cette histoire.
RépondreSupprimerL'année dernière, j'ai fabriqué des colliers avec des chaînes et des pampilles mais pas aussi beaux.
J'ai un gros faible pour la collection avec la porcelaine.
C'a été une rencontre coup de foudre! Connaissant ton intérêt pour la mode solidaire, je suis contente que tu découvres Zaza et Isabelle :)
Supprimerc'est vrai qu'on a tendance a oublié tout ce qu'il y a derrière une marque éthique, c'est sûr que pour toucher plus de monde, il faut être "un minimum" dans la tendance (même si je déteste ce mot), je trouve que ça a déjà bien changé par rapports aux débuts !
RépondreSupprimerOui : on l'a vu avec Ekyog, qui cartonne. Isabelle me le disait : quand elle a commencé, personne n'y croyait! Si elle a percé, c'est parce qu'elle faisait de jolies choses. A quoi ça sert d'acheter un moche bijou ?
Supprimerça donne envie de découvrir car elle est touchante et réaliste, elle appelle un chat un chat, le commerce c'est aussi un business elle le sait, elle ne s'en cache pas en même temps se démarche est originale, ses prix corrects et ses articles attractifs, bref elle a tout compris, juste une question, c'est quoi sur la première légende sur le sac du cuir dit " haute couture" , ça m'intrigue... Bises
RépondreSupprimerElle a bien les pieds les pieds sur terre sans pour autant renier son engagement. C'est ce qui m'a plu.
SupprimerCuir Haute Couture parce que ce sont des chutes de cuir utilisé en Haute couture.
Superficielle? Certainement pas ! Tu nous amène au contraire régulièrement à des découvertes profondes, esthétiques, humaines.
RépondreSupprimerTrès bel article, j'ai visité le site c'est vraiment très beau. Merci encore et ce n'est pas quand on s'habille en robe de bure qu'on s'occupe mieux des personnes en difficulté i.e. ce n'est pas parce que tu ne parleras que d'humanitaire que tu seras le plus "aidant", activement parlant, la plus crédible. Je ne sais pas si je suis claire mais ça veut dire que j'aime bien le mélange de ton blog.
Merci Laurence <3.
SupprimerEncore une belle découverte grâce à ton blog :)
RépondreSupprimerMerci Pipou. La démarche d'Isabelle m'a vraiment touchée et je voulais vous en parler.
SupprimerRien de superficiel là-dedans !
RépondreSupprimerJe lis un livre sur l'art du thé et le zen, et je lis notamment qu'un objet (par exemple) beau et bien fait, aussi petit et insignifiant soit-il, porte en lui de la grandeur.
C'est vrai. On ne s'en rend peut-être plus compte :)
SupprimerMerci du partage, je ne connaissais pas
RépondreSupprimerJe file voir ça
Gros bisous
Je pense que les cabas et les pochettes vont te plaire ;-) Gros bisous!
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