Je ne vais pas épiloguer sur le big-bang ou les trous noirs. Je suis plus calée en trous de mite et les milles façons d'éloigner ces sales bêtes de nos pulls de laine.
Mais en mode comme en physique, l'univers est primordial.
D'où vient l'inspiration d'un créateur ? Y a-t-il une réponse ? Il y en a sans doute une différente pour chacun. Il est difficile de mettre des mots sur ce qui dirige un choix technique ou artistique.
J'ai longtemps eu du mal à mettre en mots ce qui me motivait quand je créais, en discutant avec d'autres créateurs, beaucoup m'ont avoué que c'était aussi difficile pour eux.
C'est d'abord un besoin, une envie de partager une vision du monde, qui se matérialise par l'objet (le produit, dirait notre amie Maria-Luisa). Si on n'a rien à transmettre, on ne fait rien de bon, je pense. Il faut un univers, pas seulement pour vendre un produit au consommateur mais surtout pour que le client s'y retrouve, soit attiré, ait un coup de coeur et vous soutienne. Le cash vient comme une cerise sur le gâteau, c'est le cadeau bonus. Mais sans âme, la machine tourne vite à vide. On le constate en littérature, en sculpture ou en musique et la mode est soumise au même statut.
quand la machine tourne à vide... |
- l'humour : envie de montrer l'absurdité d'un mouvement, d'une tendance, d'un mode de pensée, d'une société, à l'instar de Schiaparelli ou Martin Margiela.
- une différence : comme Galliano avec ses inspirations africaines, japonaises...
- les racines : Lacroix avec ses arlésiennes nous dévoile ses origines, Ralph Lauren invente les siennes
- l'expérimentation : repousser ses limites ou celles de la matière. Ce que fit Vionnet avec le travail du biais
Si on regarde de près les grands noms de la mode, ceux que l'on peut qualifier de génie, ils sont d'ailleurs toujours sur plusieurs de ces fronts (comme Schiaparelli, qui a de l'humour, elle a utilisé de nouvelles techniques et matériaux tout en révolutionnant les codes de l'époque, idem chez Chanel qui a travaillé des matières incongrues, mis en scène son passé de pensionnaire et bousculé la tenue féminine).
Bien sûr, elle avait mis le paquet en faisant appel à une de ses copines, la top model russe la plus connue, Natalia Vodianova (la petite dame qui pose pour Etam Lingerie). Le portefeuille bien garni du mari d'Uyiana l'a certainement aidée aussi. Mais fric ou pas, le rappeur Kanye West s'est planté en beauté lorsqu'il a fait son premier défilé. Il n'a pas écouté ses tripes et il a fait des vêtements trop timorés, trop intellectualisés. Gros, gros flop (mais pour être honnête, ce n'était pas pire que les collections de certains créateurs reconnus qui ont perdu leur style en cours de route).
Il y a un autre type de genèse à la création, le besoin. Là, le créateur n'a pas d'univers, ne souhaite pas transmettre quelque chose en particulier. Il constate un besoin existant et y répond en proposant un produit qui comblera le client. C'est l'exemple d'Isabelle Marrant, Jérôme Dreyfus, Vanessa Bruno. La cliente est ravie qu'on réponse à son attente et le produit prend de lui-même. L'univers est secondaire, il ne servira ensuite qu'à vendre le produit aux journalistes et à accélérer le développement de la marque.
Dédicace à Nina, qui m'a inspiré cet article, et surtout à tous les créateurs
Belle inspiration ... bises !
RépondreSupprimerMerci Valérie :). Bonne journée et gros bisous
Supprimermoi je veux bien tes tuyaux pour éloigner les mites: depuis que le paradichlorobenzène est devenu interdit (c'était tellement bien, tu mettais tes bou-boules dans l'armoire en septembre et t'avais la paix 1 an au moins), je rame pour trouver LE truc imparable, et j'ai au moins 2 ou 3 trous par ana dans le mérinos (le caviar de la mite, apparemment). Et comme il est hos de question que je renonce au mérinos...
RépondreSupprimerIl faut que je demande à Mr. Il avait acheté des boules anti-mites, mais je ne connais pas le nom du produit. Comme c'est relativement récent, ce ne doit pas être le paradichlorobenzène. J'ai essayé la lavande, que dalle! Elles se sont fait une orgie de drap de laine... J'ai une jupe sur-mesure qui a des trous sur la fesse!
SupprimerPS je suis passé à Monop' et j'ai zieutté tous les cachemires en pensant à toi ;-)
moi aussi, à part les boules anti mites - mais à renouveler tous les 2-3 mois, c'est casse-pied, alors je les mets dans des sachets à dragées achetés par lots sur Ebay... sinon, tu vas à la pêche aux bou-boules, tous les 2-3 mois, au fond de l'armoire (avant, le paradicholoro se décomposait tout seul, rien à récupérer)... - bref, pénible!
SupprimerNous, la dernière cata-mite, c'était des trous dans une écharpe en cachemire Paul Smith de Mr Jicky. Mais écharpe portée ET remise dans l'armoire (le truc à ne pas faire, il paraît...)
Oui, il paraît que ça les attire terriblement.
SupprimerWahoo ce défilé! As tu vu la petite robe noire sans manches ? Chose sublime parmi d autres qui a le plus retenu mon attention
RépondreSupprimerOui, oui, oui!! D'ailleurs, je te vois très bien avec ces créations ;-)
SupprimerMoi aussi mais faut etre raisonnable. .. plus sérieusement j aime énormément ce style. Tu as tout bon. Et si je ne me permet pas c est par manque de sous. Je trouve quasiment toutportable !!!
SupprimerPas pour tout le monde mais sur toi, oui :)) Je n'ai pas les prix exacts mais il paraît que ça vaut une blinde de chez blinde, en effet :(
Supprimerje ne savais pas que tu avais créé des vêtements, tu pourras nous en parler un peu plus ? ton article est très bien écrit, comme toujours !
RépondreSupprimerJe faisais juste des accessoires. Mais justement, je crois que je n'avais pas d'univers! J'expérimentais beaucoup et c'est difficile de ne pas partir dans tous les sens... J'en parlerai peut-être dans le prochain article.
Supprimerdans le défilé, la jupe "crayon mais corolle en bas" camel, est sublime, je trouve. Bon, je crois aussi que pour créer, à un moment donné, il faut une certaine culture générale très vaste (et pas qu'en termes de vêtements- sinon tu ne peux rien inventer de vraiment beau...si t'es ignare en art, en musique ou en peinture, je veux dire...
RépondreSupprimerCelle qui est matelassée ? Elle est magnifique. Les chemisiers victoriens aussi. Je suis fan des manches gigot!
SupprimerIl faut en effet une culture générale et beaucoup de curiosité. Les plus belles collections sont celles qui sortent de l'univers de la mode et puisent dans les autres arts, tu as bien raison.
Je trouve que la styliste russe a quand même un univers Russe. Je côtoie plusieurs stylistes russes habitant en France, ils se font le même style de vêtements (la forme des manteaux, des jupes...) mais n'ont pas les moyens de sortir une collection à leur grand regret.Certains ont le mal du pays et rajoutent quelques broderies typiquement russe, ou de la fourrure comme l'on peut apercevoir sur quelques modèles.
RépondreSupprimerArticle difficile à écrire, bravo pour l'exercice.
C'est-à-dire que c'est russe pour nous mais en Russie, cela détonne car le style traditionnel a été occulté pendant 50 ans. D'abord par les soviétiques, ensuite par les "nouveaux riches" qui ont cherché dans les marques occidentale une nouvelle identité.
SupprimerC'a été très difficile à écrire mais très intéressant ;-)
Ca remet les pendules à l'heure et me donne un élément de réponse à la question que je me posais sur l'inspiration perdue.
RépondreSupprimerMerci :)
Oui, j'ai lu ton article ;-). L'inspiration ne se commande pas, hélas. Même si certaines choses peuvent la faire venir, ce n'est pas une science exacte.
SupprimerJ'avoue être souvent plus attirée par un vêtement crée pour un "besoin" qu'une véritable inspiration. Cela doit dépendre sa vision de la mode (un véritable art ou juste des vêtements, aussi beaux soit-il), non ?
RépondreSupprimerPar contre, avec tout le commerce derrière, j'ai bien l'impression que les créateurs sont souvent poussés à créer pour le besoin... Rentabilité oblige !
Je suis plus attirée par l'univers mais il faut que ce soit portable tout de même. Hélas, oui, la rentabilité est le maître mot et leur inspiration passe un peu au 2° plan.
SupprimerEn voyant ce défilé, j'ai pensé à Greta Garbo. Assez rétro en effet, mais vertaines pièces sont vraiment jolies.
RépondreSupprimerLa création, en peinture aussi, c'est "ne pas pouvoir faire autrement". l'inspiration, elle, ben ça vient ou ça vient pas ! bel article merci c'est chouette (ça se dit encore ça ???) de te lire !
"ne pas pouvoir faire autrement" : comme c'est joli! Oui, oui, chouette se dit toujours (en tout cas, je le dis tout le temps).
SupprimerChouette article, comme d'habitude! Toujours inspirant et inspiré!
RépondreSupprimerPS: pour les mites, des blocs de cèdre rouge, efficace!
Merci Woody. Tu as testé le cèdre rouge ? Ca fonctionne vraiment ?
SupprimerTrès intéressants les postulats développés dans ton article ^^ (j'avoue que ça me permet de penser un peu plus à ce qui se passe avant que tout arrive en rayon - et d'ordinaire jvais pas vraiment plus loin hé hé)
RépondreSupprimerEt voilà, tu ne regarderas plus jamais un vernis ou un pantalon comme avant :D
SupprimerC'est très intéressant tout ça ... comme d'hab !
RépondreSupprimerMerci Laurence <3
Supprimer@ Laurence : C'est effectivement très chouette (ça se dit encore, dans mon monde en tous cas).
RépondreSupprimerLes méandres de la création...vaste sujet (tout aussi vaste que l'élimination des mites dans les placards qui mériterait un post à lui tout seul !!). D'autant plus difficile aujourd'hui que l'offre de plus en plus vaste, la concurrence féroce et le client plus rare. Il faut se démarquer sans tomber dans le "n'importe quoi". Tu as bien résumé les 4 vecteurs les plus intéressants de la création.
La démarche du "besoin" est plus liée au marketing qu'à la création. J'ai le souvenir d'un article sur "The Kooples" dans lequel il était expliqué que, bien avant la création du moindre modèle, c'est le concept marketing qui avait été présenté à la presse (la pub, la couleur du parquet dans les boutiques, les critères de sélection des vendeurs et même le parfum). Triste, je trouve ! Mais ça marche...et c'est le but.
J'ai hésité à citer The Kooples mais en réalité, ils n'entrent même pas dans la catégorie "besoin". Ils se contentent de vendre un univers qui n'existent pas pour vendre plus cher un produit qui existe déjà. Même si j'adore leur style (pas tout mais il y a des pièces super), la démarche me dgoûte et je les snobe depuis un bout de temps.
SupprimerEncore un bel article qui à le mérite d'être clair....
RépondreSupprimerGros bisous Stelda
Merci Sylvie! bonne soirée et gros bisous
SupprimerD'abord merci pour cette découverte, ce que fait cette jeune femme est sublime, et complètement d'accord avec toi, le création c'est arriver à faire ressentir ce que l'on est à travers un produit, des bisous.
RépondreSupprimerJe suis contente de te l'avoir fait connaître : elle mérite le détour. Tu résumes très bien la création, en une phrase... Merci Blandinette.
SupprimerAhhhh mais je suis ultra en retard !!! Mille excuses ! Super article sur un sujet pointu ! Soyez-en infiniment remerciée.
RépondreSupprimerCe que je trouve difficile en couture, c'est que la frontière entre le hyper classe et le ultra raté est tellement ténue... on a l'impression que la réussite d'une collection ne tient qu'à un fil (sans mauvais jeu de mot).
J'aime beaucoup le défilé d'Ulyiana Sergeenko... des filles sévères mais sexys, c'est assez rare, je trouve. Ça me ferait presque regretter d'être si petite ! (et d'avoir un compte en banque si fauché waha !). Bises bises. - N.
C'est vous que je remercie, Nina : vous m'avez offert une belle occasion de mettre en mot ce que j'ai vécu quelques années (et beaucoup observé autour de moi).
SupprimerCette frontière, on en parlait avec Isabelle d'Accro de la Mode et on tirait les même conclusions. C'est tout ce qui fait la magie de la chose! C'est un miracle permanent. Et, oui, mille fois oui, le sévère sexy est trop rare!