De la vie après la mode

 For the Love of God, réplique en platine d'un crâne du xviiie siècle,
 incrustée de 8601 diamants - oeuvre de Damian Hirst
La mode, la mode, la mode... ou pas.

Si vous parlez photo ou architecture, on vous accorde de la culture. Si vous parlez vernis (qui est pourtant une alliance subtile de la chimie et de l'art pictural), vous passez pour une Barbie. On ne peut pas aimer la mode et avoir un cerveau.
Exposée au Victoria & Albert Museum, au Musée des Arts Décoratifs ou au MET, la mode est un art comme les autres. Elle parle des codes sociaux, de la religion, de l'économie, des avancées technologiques qu'elle peut utiliser ou transgresser pour mieux s'en nourrir. Bizarrement, elle passe pour un passe-temps d'écervelé. Quand Hirst couillonne tout le marché de l'art en achetant ses propres oeuvres afin de maintenir sa cote au firmament, personne ne traite les amateurs d'art d'imbéciles.
Bien sûr, qu'il y a une vie après la mode! Et même avant. 
Isabelle, blog Mode Personnel(le) - crédit photo Frédérique Veysset
La mode, la vraie, c'est-à-dire notre propre style reflète surtout ce que les communicants appellent notre cadre de référence... Elle nous permet d'extérioriser nos états d'âme. Pourquoi certaines s'habillent-elles tout en noir alors que d'autres accumulent les couleurs ? La mode est intime. C'est peut-être pour ça qu'elle dérange.
Mais la mode a surtout été phagocytée par les groupes de luxe et les chaînes de grande consommation, qui l'ont réduite à un étalage sans âme (auquel beaucoup s'enchaînent ou contre lequel d'autres se déchaînent. Comme beaucoup, sur ce sujet, j'ai des phases bipolaires, voir ici et ).
Dans ce monde pressé qui parfois nous oppresse, s'interroger sur son apparence peut être une minute d'arrêt sur image. Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? Quel est mon rapport à mon corps ? Au regard des autres ? Si on a jeté le corset, dommage de se recréer un carcan! "L'essentiel, c'est de s'aimer et d'aimer ce qu'on porte", me disait Lady E hier soir.
C'est ce qu'a très bien perçu Isabelle Thomas dont le blog Mode Personnel(le) est l'un de mes préférés. Bien sûr, Isabelle y parle chiffons mais avec intelligence et bienveillance. Elle présente souvent de jeunes stylistes ou bijoutiers un peu décalés et pas forcément très commerciaux. Et s'ingénie à redonner confiance et liberté aux plus de 20 ans, en rappelant qu'il y a d'abord une femme, ensuite un sac à main.
Qu'importe l'âge, qu'importe la silhouette, c'est le style qui domine, pas le logo. L'esprit et non la lettre.
Merci, Isabelle!

Cet article est dédicacé à
LaPtiteMadeleine (à qui j'avoue aujourd'hui que je suis "entrée en mode" grâce à une amie décoratrice adorable et passionnée) 
et à S. (qui s'inquiétait du choix de son sac à main ;-))



stelda

10 commentaires:

  1. Très beau post et j'adore le titre et le jeu de mot. Bon week end

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  2. Tres bon article! Et je suis contente de trouver suelqu'un qui meprise les agissements de Damian Hirst comme moi ;)

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  3. @ DameSkarlette : figure-toi que je n'avais même pas fait attention au jeu de mot! Je suis contente que le post te plaise car j'aime beaucoup tes articles, toujours bien documentés. Bon WE à toi!

    @ Shoubbi : merci ;-) Comme je le disais à Eudoxie, j'ai beaucoup de mal avec la spéculation sur l'art... Et à ce jeu-là, je crois que Mr Hirst a tout compris. A très bientôt, ta visite me fait très plaisir.

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  4. Chère Stelda. Comme à ton habitude ton article est lumineux et brillant. Tu fais référence au blog d'Isabelle Thomas ( que je vais m'empresser d'aller visiter )et à la bienveillance dont elle fait preuve. C'est une qualité que tu partages avec elle, une de ces qualités à laquelle j'attache tant d'importance. Merci de cette dédicace qui me touche au coeur. Merci de ta générosité. A très vite.

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  5. Tu remarqueras que sur 99% de ses photos, Isabelle sourit ou rit. Je crois que c'est ce qui m'a touchée, ainsi que les commentaires où les lectrices se racontent et échangent vraiment.
    Merci pour tous tes mots gentils, je crois que je vais pleurer (et je n'ai pas de mascara waterproof) :D
    Très bonne soirée!

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  6. Eh bien je ne sais pas. Quand je dis que je suis illustratrice on me regarde bizarrement comme si ma vie se résumait en un vaste passe temps pour enfant. Quand je dis que je suis styliste (à la retraite avant 30 ans), j'ai droit à des regard admiratifs. Mon Dieu! Je ne pensais pas pouvoir être une machine à glamour aussi efficace. Au contraire, les paillettes médiatiques semblent avoir créé une telle bulle de rêve autour de ce concept de "mode", que c'en est hallucinant de d'efficacité. On devrait revenir à plus de mesure et plus de recueillement dans ce domaine.

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  7. Le métier fait rêver, mais l'objet beaucoup moins. Dans l'inconscient collectif, styliste = personne talentueuse qui a fait une grande école et travaille dans un grand groupe ou une maison prestigieuse ; robe = chiffon qui sert à s'habiller. J'ai eu le même genre de réflexions que toi mais si je dis que je cherche des escarpins parfaits depuis 2 ans, tout le monde me regarde comme une hystérique. C'est bizarre, tout de même! Parce que l'objet a bien été conçu par la personne qui fait rêver ;-)
    Quant à la mesure et le recueillement, malheureusement, je crois que ce n'est pas encore d'actualité... mais on y travaille à notre échelle ;-)
    Et oui, tes dessins sont des machines à rêves, moi, ils me mettent des paillettes dans les yeux!

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    1. Chère Stelda, concernant la disqualification du styliste et son image sociale, j'ai quelques idées à vous soumettre. Je vous ai écris à ce sujet un commentaire détaillé, long comme le bras, mais patatras... une mauvaise manip' et le message s'est envolé dans les limbes d'internet. ARGH, frustration intense. Comme vous savez, il est deux heures du mat' et je n'ai pas le courage de recommencer illico. Un jour, lorsque j'aurai le temps (c'est à dire après septembre), je reviendrai ici même pour vous livrer ces petites pensées. N'hésitez pas à me le rappeler si j'oublie et si, bien sur, il vous intéresse de lire mon avis sur cette question. D'ici là, au plaisir de lire vos prochains articles. - N.

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    2. Ouch, je comprends! rien de plus rageant en effet... mais j'espère que vous aurez le temps et l'inspiration de revenir partager votre point de vue ;-). Bonne soirée, Nina :)

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