Merci Hedi Slimane

 

La collection Celine 2019 d'Hedi Slimane s'est fait dézinguer par les critiques et beaucoup de bloggeurs mode. Mais vraiment, vraiment, vraiment. Inutile de préciser que le roi auto-proclamé de la coolitude à la française n'a pas apprécié et, bien sûr, a jugé toutes ces critiques négatives nulles et non advenues. Il a répondu par écrit, chargeant Loïc Prigent de diffuser sa bonne parole (on ne va tout de même pas s'abaisser à parler à ces gens, nan mais ho!)

  « (...) l’esprit du défilé était léger et joyeux, mais la légèreté et l’insouciance en mode sont aujourd’hui remises en question. J’ai déjà vécu cela chez Saint Laurent. Il y a la politique, les conflits d’intérêts et les coteries, une posture prévisible, mais aussi des exagérations stupéfiantes de conservatisme et de puritanisme. La violence, c’est l’époque. L’esprit démagogique des réseaux sociaux qui sont pourtant un outil communautaire formidable. Il n’y a plus aucune limite, la haine est relayée et prend le dessus. »

Cher Hedi, je crois qu'il y a un truc que tu n'as pas compris : c'est la signification du mot légèreté. Il n'y a rien de léger à regarder des gamines de 18 ans anorexiques et paraissant à la limite de l'overdose. Quant à parler de cotterie, venant de ta part, ça ne manque pas de sel. La démagogie des réseaux sociaux ? Personne ne la nie. mais là, Heidi Slimane prouve, une fois encore, qu'il méconnait gravement le truc.

« Ce défilé était particulièrement exposé. Vu des Etats-Unis ou d’Angleterre, il s’agissait ici d’être scandalisé par mes robes courtes du soir. Les femmes ne seraient donc plus libres de mettre des mini-jupes si elles le souhaitent. Les comparaisons à Trump sont opportunistes, assez audacieuses et plutôt comiques, juste parce que les jeunes femmes de mon défilé sont libres et désinvoltes. Elles sont libres de s’habiller comme elles l’entendent. Pour certains en Amérique, j’ai aussi le mauvais goût d’être un homme qui succède à une femme. Il pourrait y avoir là et indirectement un sous-texte d’homophobie latente assez surprenant. Un homme dessinant des collections pour femmes, est-ce un sujet ? Au bout du compte, tout cela est une publicité inespérée pour cette collection. On n’en espérait pas tant. Cela cristallise surtout une forme d’anticonformisme et la liberté de ton si française chez Celine. »

Là encore, la mauvaise fois est criante. D'où ce défilé était exposé ? Au lieu de se remettre en cause, de reconnaître qu'il tourne en rond depuis 10 ans, Hedi Slimane hurle au puritanisme. Je ne crois pas avoir vu des journalistes de mode critiquer des robes trop courtes depuis les années 50... Parce qu'entre les nanas à poil d'Hussein Chalayan, les zobs à l'air de Rick Owens, les micro-tenues de Courrèges cette année, les tops transparents de Vaccarelli, on en a vu d'autres, mon poulet et je me demande ce qui pourrait encore choquer le "puritanisme" (hahaha) de la planète mode. L'accusation d'homophobie, elle, est tellement pitoyable qu'elle montre toute l'étendue de la bêtise de ce monsieur. 

  

Mais les autres couturiers et créateurs ne remercieront jamais assez Slimane : sa monomanie, ses obsessions morbides, son mépris des femmes, des clientes, des critiques, mettent mieux en relief leurs talents que n'importe quel panégyrique. En regardant le défilé Printemps-Eté 2019 de CELINE, les collections Jacquemus semblent plus solaires que jamais, Versace devient élégant, Dior apparaît presque avant-gardiste et Karl Lagerfeld empathique

Merci qui ? Merci Hedi.