vendredi 21 septembre 2018

David Benedek, des parfums et des rencontres


Il y a aujourd'hui tellement de maisons de parfumerie qu'il est difficile de sortir du lot ; difficile aussi pour les journalistes de trouver l'émotion derrière le discours marketing. Chez David Benedek, cette sincérité se perçoit immédiatement. Il n'a rien du créateur star, c'est plutôt le copain que vous avez envie d'inviter à boire un verre pour discuter toute la soirée et imaginer le parfum de la Lune, de Lara Croft ou de Joséphine Backer.

Je lui ai demandé pourquoi il avait créé sa maison de parfumerie. Il m'a répondu : "Je veux raconter des histoires, j'ai imaginé bdk comme une bibliothèque olfactive." Et ces histoires, il les raconte à travers des parfums singuliers, forts et subtils à la fois, des parfums dont il écrit lui-même la formule avant de la finaliser techniquement avec un autre nez, plus expérimenté que lui.

David Benedek a baigné dans l'univers du parfum, puisque ses grands-parents, venus de Roumanie, deviennent les premiers distributeurs de parfums de couturiers dans les années 50. Il suit des études d'économie, puis intègre la formation spécialisée Cosmétiques et parfums de l'Ifm. Il fonde sa maison en 2016 et son premier parfum, Bouquet de Hongrie, est un hommage à sa grand-mère.

 

En deux ans, il a imaginé 7 parfums articulés en deux collections, 3 autour d'une "histoire" et 4 autour d'une matière. Ses deux dernières créations, Rouge smocking et Crème de cuir, sont nées début septembre. Chaque parfum a sa couleur, une couleur qui correspond à son univers. Rouge Smocking, qui sent la dragée et la cerise, est d'un beau cramoisi, Crème de cuir est beige. bdk tisse une bibliothèque olfactive qui utilise les cinq sens. Les flacons en verre brillent comme du cristal et David s'est inspiré du dôme du Grand Palais pour le bouchon, un monument auquel il est très attaché.

C'est ce qui m'a touchée dans cette rencontre : via bdk, David veut parler de choses, de personnes, de lieux, d'histoires, qui lui sont précieux. Résultat, sa marque lui ressemble. Les odeurs, le packaging, l'identité visuelle, sont élégants mais sans effets de mode. Il écrit ce qu'il a envie d'écrire, c'est simple, sincère, optimiste.

Et côté parfums ? 

On retrouve des odeurs familières mais avec une belle profondeur et des alliances originales, voire osées. Ce sont des parfums coups de coeur, qui correspondent à une personnalité. Le Rouge Smocking plaira aux filles très filles, aux filles sûres d'elles et gaies.

Deux parfums sont unisexes : Oud Abramad et Crème de cuir. "Pour Oud Abramad, explique David, j'ai pensé à un prince oriental seul dans son palais, avec une longue cape..." Pimentée de safran et de cumin, l'odeur de bois fumé y est très présente sans être âcre.
Crème de cuir porte bien son nom : d'abord vif, métallique, il sent le gin et les zestes d'agrumes puis il devient moelleux, douillet, comme un pull en cachemire ou un vieux fauteuil club. Il sent le raisin sec et le daim. Après beaucoup d'hésitation, c'est mon préféré.
Le plus original est certainement Pas ce soir (je vous laisse lire son histoire sur le site de la marque), on y trouve une odeur de confiture de coing, de poivre et de jasmin, un mélange de notes boisées, fleuries et sucrées, très moderne.

J'ai passé avec David une heure à échanger autour des émotions et des images que ses parfums racontent. Parce que c'est ça, un parfum. "Un jour, m'a confié David, j'étais en Grèce et quelqu'un est passé dans la rue. Il portait l'un des parfums que j'ai créé. J'étais tellement heureux! A des milliers de kilomètres de Paris, mon parfum était là, il avait voyagé." 

Dans le café où il me présentait sa collection, un monsieur très chic s'est arrêté devant notre table : "Bonjour, oh, ça sent très bon..." Deux jours après, une collègue a craqué en sentant Oud Abramad et m'a demandé la référence. Lutin n°1 est tombée amoureuse de Rouge Smocking.  Et hier soir, c'est une amie qui m'a demandé quel parfum je portais (en l'occurrence, Crème de cuir)... Bref, je crois que les parfums de David sont promis à un bel avenir et voyageront loin.


Le site officiel : BDK Parfums

Comptez 150 à 170 euros pour un flacon de 100 ml; il est possible de commander des échantillons à 2 euros. Et je croise les doigts pour que bdk propose très vite des formats en 30 ml, plus facile à emporter (et à s'offrir)!

Source photos : bdk Parfums

4 commentaires:

  1. Il semble sortir du lot de tous les parfums - merci de nous faire connaître un nouveau nom ! Est-il distribué dans d'autres villes ou faudra-t-il attendre le prochain petit voyage à Paris ?
    Les flacons sont très beaux !

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    1. Pour l'instant, je crois qu'il n'est distribué qu'à Paris et à l'étranger mais on peut acheter en ligne ; je conseille vraiment d'investir dans des échantillons : ces parfums évoluent, ils sont "vivants" et ça vaut le coup de les essayer avant de se décider.

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