Offrir des pâtes pour Noël


C'est l'histoire d'une dizaine de mecs réunis dans une salle de travail. La table en verre est couverte de gobelets de café, de feuilles de croquis et de bouts de tissus. Il y a aussi des bricoles ramenées de droite et de gauche par les uns et les autres : une gomme en forme de chat, un escarpin en écailles de poisson, un mug à paillettes avec un vieux sachet de thé qui traîne dedans, des bonbons gélatineux en forme de saucisse ou de portion de camembert. Tout le monde pianote sur son portable et checke d'un oeil son fil Insta. 

Big Boss (plein d'entrain) : Bon, les gars, il faut qu'on trouve un truc qui nique sa race pour faire parler de la marque avant Noël. Des idées ?

Chief manager of nimportekoua : Une campagne de pub avec Cara ?

Big Boss (levant les yeux au ciel) : Tout le monde lui est passé dessus, à Cara, même Walmart. T'as pas une idée plus pourrie ?

Second chief manager of nimportekoua : Lancer un calendrier de l'Avent Spécial maroquinerie avec nos produits phares ?

Big Boss (exaspéré) : On n'est pas les Galeries Farfouillettes ni Yves Rocher, putain! Allez, remuez-vous! 

Stagiaire numéro 3 (après avoir respiré un grand coup) : Annoncer qu'on offre un voyage sur la Lune à l'un de nos clients tiré au sort ?

Big Boss : Parce que tu crois que ça fait rêver, un voyage sur la Lune ? Sanglé dans des fringues monochromes même pas de chez nous ? Hahaha, mais c'est pas possible! Vous le faites exprès! (se lève et tourne autour de la table comme un chacal) Allez, les gars! On pense, riche, riche, riche et glamour! On pense champagne, or, glamour! On pense paillettes, rêve, velours, volupté! Qu'est-ce qui fait triper les riches ?

Second chief manager of nimportekoua : Du caviar sérigraphié au laser ?

Big boss : Vu, revu et archi vu! Ils en mangent tous au petit déj'. 

Silence de mort.

Big Boss (désespéré) : Allez, un truc exceptionnel, quoi!

Second chief manager of nimportekoua (se dressant comme un polichinelle hors de sa boîte) : Des pâtes!!

Big Boss (hurlant) : Yessssss! Des pâtes!! Ils en mangent jamais!! On rend luxueux un truc de pauvres, j'adore! Complètement disruptif, presque aussi fort que le sac poubelle de Marc Jacobs!! Et c'est 100 % représentatif de notre ADN. Putain, c'est génial. Bravo Marco.

Chief manager of nimportekoua : Et attends, attends, pourquoi pas un frigo ? Genre, un clin d'oeil au frigo vide des pauvres, tu vois ?

Big Boss : Ouaaaaaaais! Avec un modèle genre à 50 000 euros! Trop top. Allez, c'est parti.

... 

Et c'est ainsi que D&G créa le nouveau snobisme : offrir un paquet de coquillettes pour Noël.


 Pâtes Dolce & Gabbana, édition limitée avec Pasta di Martino, 95 euros le coffret



stelda

7 commentaires:

  1. nan mais sérieux, ils l'ont fait, le frigo?

    RépondreSupprimer
  2. Je pense que si j'offrais des coquillettes à Noël à mon frère, il se demanderait pourquoi je ne l'aime plus ��. Et comme je n'aime pas trop les pâtes, avec un cadeau pareil, j'aurais l'impression d'être punie !
    Bisous

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Hahaha, excepté une rédactrice de Vogue, tout le monde réagirait comme ton frère (sauf moi, je crois : je surkiffe les pâtes, surtout les De Cecco mais heureusement pour moi, elles coûtent 2 euros le kilo. Je note de ne pas te faire de pâtes ;).

      Supprimer
  3. Honteux.
    Mais vu où va le monde, c'est sur que les mangeurs de pâtes seront de plus en plus nombreux... mais achetées au supermarché du coin.

    Sinon mes pâtes préférées sont les pâtes complètes, les spaghettis et les linguines.

    RépondreSupprimer
  4. C'est exactement cela: du snobisme, et encore du snobisme vulgaire. Comme le sac tati snobise lui aussi. Pour moi ce qui est vulgaire, c'est que si la personne lambda, voire CSP- invitait a diner certaines personnes qui vont s'acheter ces pates, ou si elle entrait dans un magasin de l'avenue Montaigne avec un vrai sac Tatie, elle serait probablement moquee et regardee avec condescendance. Ce soit "geniaaal" de proposer de (tres bonnes) pates a un prix aussi excessif. Cela manque cruellement d'elegance et c'est vulgaire. Ce n'est pas le concept qui me derange, mais le prix.

    Dans les visuels, je remarque aussi la main de l'un des deux D ou G sur la cuisse de la mannequin (c'est de la belle poulette qui m'appartient...) et cette derniere "chipote" avec ses pates. (ca reste une mannequin hein: elle ne va pas manger!). Bref, on reste dans les stereotypes....

    RépondreSupprimer

Des difficultés pour laisser un commentaire ? Passez sous Safari ou Firefox