Même si je suis les aléas de la bulle modeuse d'un peu plus loin qu'avant, j'ai toujours des choses à dire ; en revanche, j'ai du mal à trouver mes mots. Parce que parler de mode ou marketing sérieusement ne m'intéresse pas beaucoup... et le second degré est une notion de moins en moins admise. Même les bloggeurs les mieux armés côté humour, comme Adèle ou Odieux Connard, faiblissent. Ca me rassure (ou pas, mais bon).
Stelda attendant l'inspiration (allégorie) |
Du coup, en attendant que ma verve revienne et que mon allergie à l'écriture inclusive se calme, je lis. Ca pourrait être pire, je pourrais manger des chocolats ou boire du Vouvray, l'un n'empêchant pas l'autre, on peut d'ailleurs cumuler les 3 activités, allongé dans son canapé façon sénateur romain. Je teste aussi des shampoings et des mascaras, avec un succès mitigé, et j'écris des trucs pas très drôles.
En attendant ma lettre ouverte à Karl, je tenais à vous présenter l'une de mes dernières trouvailles littéraires, Le Vol du Gerfaut.
Le roman m'a été envoyé en service presse et c'est doublement une belle découverte. D'abord, le livre lui-même. Un peu acide, triste, c'est simplement une histoire humaine, une histoire d'amitié gâchée entre deux hommes pourris d'orgueil et de suffisance. Le résumé :
"Jean-Gabriel Lesparres ne publiera pas son dernier roman.
Son éditeur, ses lecteurs, la presse et le monde de l’édition le lui réclament depuis dix ans, mais il ne cèdera pas. « Au terme d’une carrière littéraire et mondaine qui a fait de moi une éminence grise dotée du pouvoir de faire ou défaire les réputations, je me trouvais dans la peau de celui à qui on vient de retourner son manuscrit. Sauf que j’étais à la fois le candidat et l’examinateur. »
Pour ne pas éditer ce « livre de trop », Lesparres décide d’organiser le vol de son manuscrit. Tout se passe à peu près comme prévu, jusqu’au jour où l’auteur reçoit les épreuves de son fameux roman.
Sous le nom d’un autre…"
Pour ne pas éditer ce « livre de trop », Lesparres décide d’organiser le vol de son manuscrit. Tout se passe à peu près comme prévu, jusqu’au jour où l’auteur reçoit les épreuves de son fameux roman.
Sous le nom d’un autre…"
Le vol du Gerfaut est écrit à la première personne et on trottine dans la tête de Jean-Gabriel au fil de son enquête. Ca se finit mal, bien sûr, même si on est loin d'un polar car l'essentiel est ailleurs : dans le cheminement du narrateur et dans l'écriture qui colle parfaitement au personnage.
Une histoire qui raconte aussi les coulisses du monde littéraire. Et ma deuxième source de joie a été la découverte de l'auteur. Honte à moi, l'ex-Marseillaise que je suis ne connaissait pas Jean Contrucci. Sa présentation, sur son site, m'a beaucoup amusée mais c'est surtout ce qu'il dit dans une interview qui m'a fait tilt :
Parce que depuis quelques temps, justement, je trouve les critiques littéraires insupportables. Dans L'Obs il y a quelques jours, un critique se déchaînait contre les nouveaux romans de Dicker et Foenkinos. Sur France Inter, c'est Grégoire Delacourt qui prend cher pour son dernier livre.
Je n'ai pas du tout aimé La Liste de mes envies que j'ai trouvé plat comme une crêpe, je ne suis pas fan de Dicker (trop formaté pour moi, on voit que c'est écrit au cordeau pour fonctionner) et si j'ai adoré Le Mystère Henry Pick, je perçois très bien les limites littéraires de l'auteur. Mais c'est mon opinion personnelle, je sais que d'autres ont adoré ces livres. Et quand j'entends l'un des critiques dire :
"On assiste à une grande offensive de gnangnantisation de la littérature populaire. Ce n'est pas que Grégoire Delacourt : j'ai lu le Joël Dicker, David Foenkinos… (regardez la liste des meilleures ventes)... Il y a cette offensive des littératures qui consistent à dire "Achète mon bouquin, je vais te faire du bien". Le héros a une vie de merde au début puis ça s'arrange parce que tout le monde s'entraide. Je trouve que c'est de la littérature de fayot. Des livres lèche-culs, qui cherchent à séduire les masses en racontant des fables idiotes."
Ben j'ai envie de le taper violemment. Pardonnez-nous de vivre avec le RSA et d'avoir envie de rêver. Pardonnez-nous d'être trop crevé(e) après une journée de 9 h et 2 h de RER pour avoir le courage de lire Tolstoï. Pardonnez-nous de nous inquiéter pour nos gosses malades et de ne pas vouloir nous infuser un coup de Christine Angot derrière l'oreille pour décompresser. Pardonnez-nous, pauvres cloches que nous sommes, de ne pas vibrer à l'unisson des mots si puissants de Catherine M.
Quant à lire Tolstoï ET Delacourt, bien sûr, nous n'oserions pas commettre un tel sacrilège. C'est comme manger du caviar le lundi et des chips le dimanche. Personne ne fait JAMAIS ça. Mélanger les genres, alterner, avoir envie un jour de rire, le lendemain de pleurer, une fois de réfléchir et la suivante de se laisser un peu porter, c'est tellement méprisable.
Non, mais sérieusement... Oui, je suis un peu énervée. D'autant que ce sont les ventes d'un Marc Lévy ou d'un Foenkinos qui permettent à d'autres d'être édités.
Oui, la vie est pleine de fables idiotes et on rêve tous d'histoires qui finissent bien, la meilleure preuve étant que la majorité des gens ne se suicident pas. Alors bien sûr, tout ne se vaut pas et certainement, Dicker ne restera pas un marqueur de la littérature francophone. Mais faut-il rappeler à ces messieurs-dames que Molière n'était à son époque qu'un bouffon ?
Ah mais tellement! Évidemment qu'on ne peut pas comparer un Stendhal et Foenkinos. Mais de là à dire que c'est de la merde, non (même si ce que j'ai lu ne m'a pas plu, trop plat). Ce n'est pas de la grande littérature mais ce sont des livres agréables, accessibles à tous. De la littérature populaire quoi. Et évidemment que la littérature populaire se vend mieux que la "grande littérature". Ou alors c'est que le monde utopique auquel rêve tout prof, le monde où tous les élèves auront été convaincus par leurs cours, où tous les élèves aimeront lire Madame Bovary sera advenu, et par conséquent on n'aura plus besoin de ces critiques.
RépondreSupprimerBon, maintenant, une bonne critique négative vaut toujours mieux qu'un éloge mièvre, illégitime et vendu au marché. Mais celui qui attaque les "masses" du haut de son univers d'intellectuel, ben ce n'est pas un bon critique.
Oui, rien de pire que les critiques gnangnan (j'ai en tête un livre pas terrible, qui a été encensé... et franchement, objectivement, le style ne valait pas grand chose!)
SupprimerDu coup, tu me donnes l'idée d'un autre billet sur le sujet :) Merci!!
Je suppose que tu as lu la dernière intervieuw de Karl ?
RépondreSupprimerCette phrase m'a fait bondir:
"Si vous ne voulez pas qu’on vous tire sur la culotte, ne devenez pas mannequin ! Rejoignez plutôt l’Union des ursulines, il y aura toujours une place pour vous au couvent. Ils recrutent, même !"
Oui, c'est très Karl. Provoc à fond. Et le reste de l'interview tape vraiment dur!!
SupprimerJ'aime aussi lire des livres pour me détendre.En fait j'alterne la littérature comme Dicker ou Aurélie Valognes (pour le dernier, j'attends la sortie en poche) avec une littérature "moins populaire" ou des essais.
RépondreSupprimerAaah, les essais, j'adore ça, ça me détend :)
SupprimerNous aussi aimons lire des livres en tout genre, de la même façon que nous allons voir des films d'auteur comme les comédies légères mais bien faites. C'est la prétention qui nous dérange le plus !
RépondreSupprimerPS Vous êtes une fille du sud ?
oui, je suis du Sud :) Et bien sûr, nous sommes nombreux à aimer sauter d'un genre à un autre... il n'y a que les critiques pour ne pas le comprendre :)
SupprimerAh Stelda, comme je prends plaisir à revenir par ici !
RépondreSupprimerRoooh, merci Mag :D. Je suis bien contente de te revoir et j'ai honte d'avoir tant tardé à écrire ici ces derniers temps! Tu me donnes le courage d'être plus assidue
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