Un chanteur populaire


Quand j'ai appris la mort de Michel Delpech sur mon fil Twitter, entre une attaque et un attentat, j'ai d'abord pensé, comme Stephan Eicher :" Les nouvelles sont mauvaises d'où qu'elles viennent." Et puis j'ai réécouté une, deux, trois, dix de ses chansons. J'ai retrouvé avec beaucoup de plaisir l'une d'entre elle, Que Marianne était jolie : 
"Dieu! Mais que Marianne était jolie 

quand elle marchait dans les rues de Paris 

en criant par-dessus les toits Ca ira!... 
Marianne a 50 ans 

Marianne a maintenant  
quelques rides au coin des yeux, 
... 4 fils qu'elle a perdu 

et le cinquième à présent 
qu'elle ne reconnaît plus..."

Vieillir c'est aussi voir mourir des gens. Des proches et des inconnus, et ceux qui nous ont bercé sans le savoir. Michel Delpech emporte mon adolescence. Je me revois assise dans ma chambre, dans une fermette du Sud de la Touraine, pas très loin du Loir-et-Cher et de l'Indre qu'il a chanté, un petit transistor posé sur le bureau, l'oreille collée à Radio Nostalgie, captivée par Quand j'étais chanteur. J'avais 13 ou 14 ans. J'essayais d'imaginer la vie d'un chanteur star absolue et je voyais Michel Sardou ou Johnny Halliday chanter au bord d'une rivière (vision improbable, Daniel Guichard ou Delpech lui-même étaient plus habitués des concerts de campagne, mais bon). Bien moins pailleté mais me faisant tout autant rêver, j'adorait Les Aveux : "Il est fatigué, le prince charmant, il est fatigué, son beau cheval blanc, ses rêves bleus sont un peu gris, son épée d'or est en fer blanc..."

C'était chouette chez Laurette, Pour un flirt avec toi, je ferai n'importe quoi, Ma pauvre Cécile, j'ai 73 ans, J'ai vu passer les oies sauvages, Ma famille habite dans le Loir-et-Cher, ces gens-là ne font pas de manières... De 30 à 70 ans, au moins trois générations connaissent ses chansons. Elles sont presque devenus des blagues, des proverbes. C'est la marque d'un vrai chanteur populaire, et en y regardant bien, il y en a peu. Michel Delpech avait, en plus, l'élégance de n'être ni clivant, ni provocateur, ni tapageur. Juste un chanteur. et c'est déjà beaucoup : "Imaginez un monde sans aucune chanson, ce serait triste", dit-il au cours d'une interview.
Merci, Michel.


Et pour les fans, je vous conseille ce très joli documentaire méconnu, de 1975, qui alterne scène et interview sur un coin de table. 

stelda

9 commentaires:

  1. Il va beaucoup manquer ...
    J'aimais aussi sa simplicité, sa discrétion et sa sincérité évidente

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  2. Tu as bien résumé mes sentiments ! Je suis un peu jeune (enfin plus tant que ça ...) pour avoir été une fan de ses premiers tubes mais toutes ces chansons me parlent et j'adore les fredonner ... c'est une bouffée de nostalgie tous ces hommages ... c'est beau mais c'est triste aussi !!
    Et puis je me suis dit qu'il était sacrément beau gosse, non ?

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    1. Je n'étais pas une fan de la première heure, je suis née après ses grands tubes mais je crois que j'ai un peu la nostalgie de cette époque où rêvait vraiment. Oui, il était plutôt mignon avec les cheveux longs ;)

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  3. quand on approche les 40 ans, en effet, c'est ce qu'il se passe.... Bon j'avais dejà bcp pleuré aussi à 18 ans quand Balavoine est mort..

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    1. Balavoine, j'étais trop jeune. Et tu as complètement raison : c'était un mix qui n'existe plus. Il n'y en a pas beaucoup de ce genre-là!

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  4. en fait c'était un savant croisement de Joe Dassin (kitsch des années 70) et Philippe Delerm (chanteur du quotidien)

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  5. Des ritournelles qui rentrent bien dans la tête jusqu'au soir ;)))

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