Robes longues, mémoire courte

Il suffit que je m'absente une semaine, et voilà, c'est le bazar. Elbaz est sommé de faire ses cartons et Raf Simons décide de quitter son poste de directeur artistique chez Dior. Non mais je vous jure... Commençons par Dior. Raf, c'est pas un coup à me faire après toutes ces heures passées à éplucher et décortiquer ton travail!

J'avoue, ça me soulage, ce départ. D'abord, je vais arrêter d'avoir mal au ventre en regardant les tapis rouges. Ensuite, je n'ai jamais eu le sentiment que Raf Simons était à sa place chez Dior. Tant par son caractère que par son style. Entre une collection pucciesque, une collection néo-médiévale, une collection victorienne, des matières futuristes et des matières traditionnelles, l'ensemble était assez chaotique. Je m'y suis perdue. Je dois être la seule et tout le monde s'en fout, puisque les ventes de Dior ont fait + 18 %.

Dior, collection automne-hiver 2015-2016

Surtout, j'espère (et je ne suis pas la seule), que ce départ créera un électro-choc dans le milieu de la mode. J'espère. Mais j'en doute. Extrait du communiqué officiel :

«C’est une décision fondée à la fois sur mon désir de me concentrer sur d’autres centres d’intérêt dans ma vie, notamment ma propre marque, et les passions qui me motivent au-delà de mon activité professionnelle.»

Derrière la déclaration d'indépendance d'un homme libre, c'est aussi toute la langue de bois du milieu qui transparait. Car Raf Simons était loin de tenir les mêmes propos il y a seulement 2 mois. Pour rappel, un extrait de son interview publiée le 28 août 2015 sur le site de Madame Figaro :

Quel premier bilan faites-vous des trois années passées chez Dior ?
Tout est allé très vite. Et tout continue d’aller très vite. Le temps se comprime. Chez Dior, je signe six collections par an, plus deux collections pour ma propre marque. C’est sans doute trop mais c’est l’évolution des choses. Il y a une opinion de plus en plus répandue qui déplore que le « bon vieux temps de la mode » soit révolu. Mais la demande est si grande qu’un retour en arrière est impossible et même impensable, à moins d’un krach économique, ce que personne ne souhaite.

Est-il facile d’être inspiré quand on signe huit collections par an ?

Cela me vient naturellement et si ce n’était plus le cas, cela signifierait que je devrais arrêter ce métier. Je ne dis pas que c’est toujours facile mais c’est ce que je fais et ce que j’aime. Il y a d’un côté un agenda et de l’autre des idées et des désirs. Tout doit s’assembler. Une idée, une décision, c’est la règle. Bien sûr, j’aimerais disposer de plus de temps pour digérer certaines idées ou certains moments, mais cela n’est sans doute pas soluble avec l’époque qui exige une réactivité immédiate. C’est aussi une question d’échelle et Dior est une maison énorme. Cela dit, ces derniers mois, je gère mieux les débordements et je m’autorise des plages de décompression. Je n’ai pas plus de temps, mais j’apprends à prendre un peu de temps pour moi.
Drôle d'époque, tout de même, où l'on dit tout et fait son contraire (ou l'inverse ?).

stelda

2 commentaires:

  1. Dans la lignée de cette réflexion, j'ai été un peu "choquée" par un article sur la arque The Reformation, qui expliquait qu'elle répondait à une demande, celle d'avoir des nouveautés en boutique toutes les semaines. Mais moi je regrette le temps où je pouvais repérer une fringue, revenir l'essayer 3 fois, et finalement décider de craquer dessus après plusieurs semaines.
    Tout arrive vite, et tout repart encore plus vite. Je me demande ce que deviennent les millions d'invendus dans les boutiques?

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    1. J'ai lu récemment une réflexion intéressante : "la fast fashion concerne aussi la couture" et c'est très vrai. Un article d'iD dit exactement ce que tu dis, on n'a même plus le temps de porter un vêtement qu'il est déjà démodé! Avoir une robe de la saison dernière est devenu une faute de goût. C'est fou, quand même.

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