Des animaux et des hommes



Pour ou contre la fourrure ? Le match est relancé par les défilés d'hiver. Je ne me sens pas super concernée, j'en porte pas. La fourrure me coupe le souffle visuellement, je trouve cette matière incroyablement belle à voir et j'admire énormément la créativité et le savoir-faire des ateliers. Mais sur mon dos, c'est non, j'ai le sentiment de porter un mort. Sentiment idiot, puisque je porte du cuir mais la nuance existe. Le cuir utilisé en maroquinerie est du déchet de boucherie (sauf croc, serpent ou autre bestiole rare). Donc ne pas l'utiliser, ce serait du gâchis, sauf à devenir végétarien, ce qui n'est pas mon truc. La fourrure, en revanche, est souvent élevée pour ça.


Bref, les hostilités commencent avec Hugo Boss. Il l'a promis, juré, craché cette semaine : la fourrure, plus jamais. C'est fini.

Pendant ce temps, chez Fendi, on coupe, on rase, on cisèle, on colore et on brode la moumoute sous toutes ses coutures. Choupette ou pas, les lapins et les chinchillas, Karl, lui, s'en tamponne le coquillart. Il l'a d'ailleurs dit au New Yorker :
« Aussi longtemps que les gens mangeront de la viande et porteront du cuir, je n'entendrai pas ce message. »
Les militantes de la Fondation Brigitte Bardot peuvent bien jouer les copycats de Lady Gaga, ça n'a pas empêché Fendi de célébrer en grandes pompes ses 50 ans de collaboration avec la maison italienne qui règne sur la fourrure depuis 90 ans.


Quand je lis dans Fashion Mag les arguments d'Hugo Boss, j'ai du mal à donner tort à Karl. Car chez eux aussi, on se se bat l'oeil de ces pauvres bêtes écorchées vives, électrifiées ou étouffées :

« Les clients contemporains appartiennent à une génération qui réévalue ses valeurs éthiques et fondamentales », déclare Bernd Keller, directeur artistique sportswear chez Hugo Boss, dans le dernier rapport de la marque sur le thème du développement durable. « Nous souhaitons inclure cette génération parmi les clients Hugo Boss. Nous démontrons à travers nos produits que le premium et le luxe sont capables d'assimiler les questions d'éthique et d'environnement. »

Il s'agit simplement de ne pas faire fuir les vegan et les défenseurs des animaux. Vous me direz, qu'importe les motivations, le résultat est positif : des animaux ne seront plus maltraités.

J'attends simplement que ces philanthropes d'Hugo Boss soient aussi "éthiques" avec les humains maltraités : l'entreprise se garde bien de claironner en conférence de presse qu'elle a été épinglé en mars 2015 par l'ONG Human Clothes pour entrave aux droits des travailleurs dans ses usines... en Turquie. Et en 2014, plusieurs journaux rapportaient les conditions de travail déplorables des ouvrières employées par Hugo Boss en Europe de l'Est et en Turquie.

stelda

19 commentaires:

  1. Un vaste débat en effet. Je suis d'accord avec toi, Hugo Boss devrait aussi s'occuper de la condition de travail des petites mains qui triment pour lui.
    Perso, la fourrure, j'ai du mal à en porter mais pour les chaussures, je ne jure que par le cuir.

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    1. Oui, j'ai trouvé son éthique... assez élastique!

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  2. Bonjour Stelda,
    Effectivement la fourrure dans la mode c'est un vaste débat, voire une vaste polémique !
    Je n'en ai jamais porté non plus, pas même autour d'une capuche.
    Je ressens un vrai malaise avec la fourrure, il est impossible d'oublier l'animal, élèvé, tu as raison, dans des conditions révoltantes, et uniquement pour cela...
    Quand j'étais costumière de théâtre, j'ai pu récupèrer des chutes de cuir d'une maison de prêt à porter de luxe, directement dans les ateliers. L'amie qui travaillait là-bas m'avait montré leur dernière création sur mesure : une couverture de 3mX3m en fourrure de chinchilla, doublée de soie... J'ai effleuré la fourrure, d'une douceur inouïe et j'ai eu le vertige en faisant le compte des chinchillas sacrifiés pour ce caprice incroyable, qui ne se justifiait par aucun besoin, aucun mode de vie traditionnel, dans des conditions de froid extrêmes...
    La maltraitance des humains et des animaux va encore trop souvent de pair dans l'industrie de la mode, c'est une réalité.
    Mais je me réjouis que l'information circule et que nous puissions faire des choix plus éclairés. Et si nos choix peuvent faire pencher la balance vers moins d'irresponsabilité, plus de respect de la vie, humaine et animale, alors je me dis qu'il y a de l'espoir pour l'avenir !
    Bonne journée!
    Carole Eve

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    1. La fourrure avait toute sa logique il y a 100 ans, elle l'a encore dans des pays très froid. Mais en la démocratisant, on a été amené à créer des conditions de production abominables. C'est comme pour les vêtements, en fait...

      Bon week-end, Carole Eve

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  3. Bel article !!! Et oui la fourrure c'est un kiff pour certains, moi non, mais parlons des conditions de travail (et de vie) de celles/ceux qui donnent vie aux vêtements.... En fait il faudrait arrêter la mode et vivre nu :D cela serait plus simple hein ;) Bises et bon week-end !

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    1. Comme je le disais à Carole, je pense que le secret est dans une consommation raisonnée. Que ce soit en cosméto, en fringues, en fourrure ou en sucre :D.
      Gros bisous

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  4. C'est reparti pour le débat ! Mais rien est noir ou blanc, l'exemple de Hugo Boss est si juste.
    Qu'il faut respecter la nature et les animaux, c'est certain, et il faut tout faire pour. Mais d'un autre côté, depuis toujours, l'humanité a utilisé les peaux des bêtes pour se vêtir. Et les mêmes qui se mobilisent contre la fourrure, refusent-ils ou elles de porter des T-Shirts venant du Bangladesh ?
    Que faire d'un beau manteau de fourrure que l'on a hérité ? Voilà le dilemme dont nous avions parlé http://wp.me/p2H2o8-32r

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    1. Vous soulignez bien nos incohérences... Ca me gênerait moins d'acheter ou d'hériter d'une fourrure ancienne car il y a 50 ans, les animaux n'étaient pas élevés dans les mêmes conditions qu'aujourd'hui. Enfin, je crois.

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    2. Je suis contente que Matchingpoints a souligné le cas de la fourrure héritée car je reste dubitative devant "le renard de mémé" comme je l’appelle. L’appellation "Mémé", n'est pas péjorative, bien au contraire car il s'agit d'un col en fourrure de renard de mon arrière-grand-mère dont ma mère a hérité. Je suis contre la fourrure, mais là, ça serait un manque de respect pour cette "pauvre bête" que de la jeter.

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  5. Je me souviens de me réaction face à un beau manteau Comptoir des Cotonniers de l'hiver dernier, doublé de fourrure noire de lapin... exactement la même que celle de mon lapin (bien vivant, lui !)
    Comme les Matchingpoints, ma position face à une pièce en fourrure héritée est plus nuancée. Mais pour un vêtement confectionné aujourd'hui, je n'achète pas de fourrure. Pas de blouson de cuir non plus, facilement remplaçable par un autre type de veste. Pour les chaussures c'est plus compliqué !

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    1. Je crois que ces manteaux ont été dessiné par Serkan Cura, justement, l'un des spécialistes du travail de la plume et de la fourrure, dont j'ai souvent parlé :).

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  6. Voilà, une fois encore tu as tout dit, j'avoue que j'en porte et que par contre je fais attention aux gens qui m'entourent ;)
    Bisous

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    1. Je trouve très bien que tu ne t'excuses pas, car on a le droit d'aimer la fourrure, qui est une matière magnifique. Et je n'aime pas les terroristes, qu'ils soient de la PETA ou d'ailleurs :) Même avec les meilleures intentions du monde, la violence me révulse.
      Gros bisous

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  7. J'attends avec impatience le décès de ma mère pour hériter de son vison ....

    Plus provoc tu meurs, j'ai bien ri !

    Sérieusement oui, ma mère a un vison acheté dans les années 60 qu'elle conserve "pour moi".
    Etudiante, vivant dans un truc sous les toits dans chauffage dans les années 80, j'ai acheté aux Puces un manteau qui perdait ses poils ... mais qui m'a permit plus d'une fois de dormir au chaud dans mon lit.
    Je reconnais la douceur de la fourrure, sa chaleur inégalée (je ne parle pas des textiles hyper techniques utilisés par les chercheurs ou le Dr Etienne par exmple, ne nous leurrons pas, le grand public n'a pas l'équivalent, fabriqués à base de ...pétrole hein !!).
    J'ai un tapis en peau de mouton, que mes chats apprécient beaucoup !
    Je trouve ça très beau, mais n'en achète pas (seule entorse, non regrettée : une écharpe de fourrure orange). J'ai des blousons en cuir, ça me plait et je suis heureuse de les avoir.
    Tout comme mes sacs à mains ou mes chaussures...dont je ne saurais me passer.
    En même temps, quand je vois le pognon que claquent les fashion victims dans les sacs et chaussures Stella Mc Cartney, qui n'utilise pas de cuir, ça me laisse songeuse...
    Et, en outre, ça n'empêche personne d'utiliser cosmétiques et autres médicaments, lessives et autres testés sur des animaux.
    Ca, ça me scandalise... et me fait bondir quand j'entends les infos qui parlent d'essais cliniques sur des animaux à qui on inoculent des gènes de méduses....ou les microbes ou bactéries ou virus, pour voir ce que ça donne !
    Alors ok pour le non fourrure mais, en ce cas, on va jusqu'au bout, pour tout, pas de demi mesure. On peut bien trouver des solutions aux maladies sans en passer par les animaux : mais ça, ça ne gêne personne, même pas PETA.
    Ben oui quoi, la supériorité de l'homme tout ça....
    Je mange de la viande oui, pourquoi ? J'ai dis une bêtise ?

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    1. En Europe, les cosmétiques testés sur les animaux sont interdits. Quant aux médicaments, je préfère qu'ils soient testés sur des rats que sur des gosses ou des SDF...
      Je te laisse, j'ai un rôti de cheval au four. Oups! j'ai dit une bêtise ?

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  8. Contre et archi contre la fourrure. Et je porte très rarement du cuir et mes pieds se portent très bien ^^ Après on sait tous que les marques jouent sur le thème de l'éthique (quel que ce soit le domaine) pour se faire bien voir mais un Karl qui clame haut et fort qu'il ne voit pas le problème de la fourrure.... ça me débecte. Bon on le sait, il est dans la provoc' Karl, il pense que les grosses sont pas esthétiques alors les animaux, c'est le dernier de ses soucis hein! Bisou

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    1. Brigitte Bardot a eu une idée de génie en écrivant à Choupette. Bon, ça n'a pas changé grand chose aux idées du Maître mais ç'a le mérite de le mettre face à ses incohérences. Comment peut-on idolâtrer son chat et se ficher des autres ? Ca me dépasse...
      Bisous

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  9. Voilà encore un billet super intéressant ! Moi non plus, je ne suis pas très branchée fourrure, si ce n'est le col de ma parka ! Je me souviens encore des photos PETA avec les top-models il y a 20 ans ... tout à refaire !

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    1. C'est dans ces moments-là que tu comprends la force que représente l'industrie de la mode... Sous des airs kikou-lol, c'est un rouleau compresseur. Elle a réussi à remettre la fourrure sur le devant de la scène, alors que c'était loin d'être gagné...

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