La mode, le monde et Galliano


La mode, la mode, la mode.... y en a marre. Elle est partout, elle nous saoûle. On n'en peut plus de ces centaines de collections qui se bousculent, de la multiplication des marques et des modèles, de la faiblesse d'imagination des stylistes. Trop de choix tue le choix et les blogueuses les plus enragées avouent être un peu fatiguées, déçues, écrasées par ce rouleau compresseur.

Il y a 3 jours, je partageais leur avis à 100 %. Et voilà que, girouette que je suis, j'ai changé d'avis! J'ai relu les notes prises au salon Maison & Objet, j'ai travaillé sur le Sial, le salon des industries agroalimentaires. Et partout, il n'est question que de séduire le client, de plaisir, de luxe, de personnalisation, d'écologie : toutes tendances d'abord mises en avant par la mode avant d'être récupérées par les autres secteurs.

Je rejoins Lise quand elle suggère que l'avenir de la créativité est peut-être à regarder ailleurs que dans la mode, mais c'est le secteur auquel on doit tout. Comme un marathonien qu'on aurait transformé en sprinteur, la mode s'est essoufflée. Oui, elle est en fin de cycle. Mais elle a essaimé partout. Elle a contaminé la décoration, l'alimentaire, l'édition, la parfumerie. Elle nous a appris à mettre du beau, de la fantaisie dans les objets quotidiens et pour ça, merci la mode. 

Elle nous apporte aussi le pire, les émeutes ridicules, les enthousiasmes aussi surdimensionnés que les talons aiguilles et c'est presque impossible d'y échapper. Quand j'ai appris la confirmation de la nomination de Galliano chez Margiela, j'ai fait des loopings sur ma chaise. J'en étais presque à chanter Jésus revient, Jésus revient, Jésus revient!!

Ridicule. Et vous savez quoi ? Je n'en ai même pas honte. Je préfère me lâcher de temps en temps sur un sujet aussi futile, ça m'évite de me mettre les nerfs en compote sur d'autres plus graves. Donc voilà. Galliano revient. Pour qui ? Pour quoi ? Pour lui ou pour enrichir une marque en créant un bruit  de bourdon autour des premières collections ? J'espère que c'est pour lui. 

Les observateurs sont circonspects : Maison Margiela, c'est le culte de la discrétion et Galliano, le couturier le plus starisé de tous les temps. Unir les deux semblent une aberration, une fantaisie de communicant en mal d'idée. 

 "La nouvelle suscite quelques interrogations quant à la stratégie de la griffe." in Huffington Post
"Comment le génial couturier, ex-star des podiums et icône de l’élégance et de la fantaisie, s’y prendra-t-il pour se glisser dans l’esprit de la maison plutôt minimaliste et avant-gardiste, dont le fondateur, le créateur belge Martin Margiela, était réputé pour sa grande discrétion ? La question ne manque pas de susciter d'ores et déjà une fébrile attente. En provoquant la surprise, mais aussi une grande curiosité autour de cette nomination, Renzo Rosso confirme en tout cas son sens des affaires et sa vision stratégique." in Fashion Mag


Et pourtant... On oublie que John, ça peut aussi être cette silhouette en 1996, pour Givenchy. Plus simple et plus impressionnant, je crois que c'est difficile.

S'il revient bien pour lui, ce sera réussi, parce que je suis persuadée qu'il en a encore dans le ventre. Et j'ai envie de croire que tout le monde a droit à une deuxième chance.

PS : par contre, la photo ci-dessus made in Demarchelier me laisse sans voix. Il a trébuché au moment de prendre le cliché et c'est son chat qui a ramassé l'appareil ou quoi ?!




stelda

19 commentaires:

  1. C'est intéressant ton article, moi aussi j'aime beaucoup Galiano mais ce qui m'intéresse c'est l'aspect contamination de la mode, car pour m'être intéressée à al déco de près ces derniers temps, j'avoue qu'en effet, elle a profité d'un dynamisme insufflé par la mode. Epuisée la mode, ça par contre, je ne sais pas... je ne suis pas assez dedans. Bises

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. La déco digère les tendances plus lentement et c'est bien agréable :). Bises

      Supprimer
  2. Chris (aka Paquita Chocolatera)10 octobre 2014 à 11:23

    Cette année je n'ai même pas jeté un oeil sur les brefs reportages dédiés à la FW parisienne. Par lassitude je crois bien. Par contre la nouvelle du retour de Galliano me fait plaisir et je lui souhaite une belle re-naissance.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Beaucoup ont lâché la FW : trop, trop, trop! Ca devient impossible à suivre et lassant, en effet.

      Supprimer
  3. Moi aussi je me réjouis de ce retour, le créateur est fantasque mais génial, et Margiela est peut-etre justement la maison qui va lui permettre de reveler une autre facette de sa créativité en le poussant à s'épurer. Je l'ai souvent trouvé bien plus fort et impressionnant dans ses silhouettes simples que dans la surenchere, alors j'ai hate de voir ca...

    RépondreSupprimer
  4. Je crois que la mode compresse depuis plusieurs décennies si j'en juge les films sur Yves Saint Laurent: déjà ont le manger à réaliser la machine qu'il a construit. Si Jean-Paul arrête c'est peut être pour pouvoir souffler sans déraper.
    En vendant des vêtements, je m'aperçois de plusieurs courants : ceux qui vont acheter étique comme la marque "Made In Sens" qui donne beaucoup de sens à sa ligne de vêtements, créer de l'atypique tout en étant hors mode. Et puis, il y a ceux qui achète classique : le petit pull facile à mettre, le t-shirt rigolo et le gilet confortable. Chaque cliente interprète sa mode en fonction de son mode de vie. L'infirmière toujours en représentation cherche du confortable, du chic et facile à porter. L’hôtesse de l'air, la robe qui la laisse respirer car de part son boulot, elle a constamment des tailleurs et des collants qui la comprime surtout au niveau du ventre. La retraité classique et la retraité excentrique. C'est assez riche à voir.
    Pour Galliano, je trouve cela génial, je pense aussi que l'on a le droit à une deuxième chance.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je crois que Saint Laurent s'est mis la pression qu'il a bien voulu. Je ne sais pas pourquoi mais je pense qu'il a beaucoup contribué à créer cette machine terrible du star système qui, cumulée au chiffre d'affaire, devient explosive.
      Ton observation des désirs de chacune est très intéressante.

      Supprimer
  5. C'était la thèse d'un livre fort intéressant de Gilles Lipovetsky, L'empire de l'éphémère : la mode comme modèle ayant envahi tous les domaines de notre vie, y compris la politique... le marketing de la nouveauté, de la séduction, du spectacle, de la personnalisation... En revanche, quand tu écris que la mode a la première mis en avant la tendance écologiste, je suis plus que dubitative ! Les marques qui s'en soucient sont ultra-minoritaires et c'est plutôt récent, en tout cas plus que dans l'alimentation il me semble.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oooh, merci : je note la référence.
      La mode écolo est déjà vieille, elle est née dans les années 70, en même temps que le bio dans l'assiette. Et dans les années 80, des stylistes partaient déjà en Inde, faire de l'équitable ;-).
      Après, oui, le courant reste hélas minoritaire.

      Supprimer
    2. Alors là, je ne savais pas du tout que cela remontait aussi loin ! C'est resté longtemps très marginal.

      Supprimer
  6. C'est un coup de génie Galliano chez Margiela, il va jouer à fond la carte de la rédemption avec des vêtements simples et hyper travaillés en même temps, épurés et sophistiqués à la fois, grandiose et minimaliste mélangés, bref le roi est mort, vive le roi!

    RépondreSupprimer
  7. Oui surprenant ce retour de Galliano, j'ai été surprise alors que je suis si loin de ce milieu, mais bon, à te fréquenter, forcément tu contamines ;))))
    Le zapping touche la mode comme l'hyperactivité ( plus sérieusement appelée Hyperactivité-Trouble de l'attention) touche les enfants. Trouble de l'attention car on ne pose que peu de temps le regard sur une collection, vite il faut changer, zapper, chambouler les codes...
    Moi je pense que c'est un genre de cocker qu'il a sur les genoux et comme beaucoup de maîtres s'identifient à leur animal (oui, même moi, je n'y échappe pas, il paraît que je suis très "féline" dans mes expressions du visage Ah Ah !!), bref, John reprend malgré lui les mimiques du cocker connu pour ses yeux tristes. Ou alors il tente de faire profil bas après "l'affaire". Sinon, je pense qu'il a mine de rien subi un sacré traumatisme après sa sortie, et ce visage meurtri en dit peut-être long sur sa souffrance, il faudrait savoir quand a été prise cette photo aussi, elle prendrait peut-être un sens complètement différent.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Sur cette photo, je lui trouv carrément le regard mort.

      Supprimer
    2. Oui mais c'est parcequ'il est retouché (en vrai je veux dire, pas la photo ;)) )

      Supprimer
  8. Quand j'ai vu cet info, j'étais super heureuse, enfin il revient :-)
    J'espère juste qu'on ne va pas à nouveau le presser comme un citron et que du coup il pourrait replonger dans l'alcool et autres.
    Quelle tristesse sur cette photo, je me dis qu'il a subi des années malheureuses bien avant le KO et après bien sur.
    Je ne savais même pas que Margiela était une maison de couture belge, honte à moi.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Y a pas de honte à avoir. J'ai bien pris sa boutique pour une friperie... à lire ici : http://stelda.blogspot.fr/2012/01/le-conceptuel-et-moi.html
      Et même pas honte, qu'est-ce qu'on a rigolé!

      Supprimer
    2. MDR, je viens de lire l'article, mais franchement il y avait, en effet, matière à se tromper.

      Supprimer

Des difficultés pour laisser un commentaire ? Passez sous Safari ou Firefox