Carla, Kim et mon auto-psychanalyse


"La mode n'est pas faite pour être confortable !" C'est l'exclamation étonnée de Carla Bruni, lorsqu'un journaliste lui demande si ce n'était pas trop pénible de défiler dans des tenues inconfortables. Malice ou bêtise, le journaliste a souligné une interrogation majeure, qui me trottte en tête depuis cet automne. La mode doit-elle être confortable ? Faut-il tout sacrifier à l'esthétique ? 



J'ai longtemps pensé que oui et puis en fait, non. Parce que trop d'inconfort tue l'esthétique. Si vous souffrez le martyr dans une paire de chaussures trop hautes ou trop serrées, vous serez tendue, nerveuse, le sourire ou la bonne humeur disparaît dans les oubliettes, vous devenez obsédée par cette torture (il faut que j'enlève mes chaussures!!!!!!) et c'est moyennement facile d'être ouvert aux autres dans ces conditions-là. Impossible de faire rire votre interlocuteur, de vous rappeler votre dernier film vu pour en discuter sereinement, de vous concentrer sur la hausse du PIB du Costa Rica. Vous ne pensez plus qu'à vos pieds réduits en tagliatelles.
Longtemps, comme Carla (mais c’est notre seul point commun), j’ai pensé que le confort était secondaire. Et puis l’âge venant et surtout, au vu des situations parfois ridicules dans lesquelles je m'étais mise (comme escalader des rochers en talons de 8 cm lorsque je n'avais ni sandales en toile Chipie ni Paraboots!), j’ai un peu revu mes priorités. C’est vrai que sur un podium, le confort passe au 2° plan. D’abord parce qu’on porte le truc 30 secondes, ensuite parce que tout le monde sait que ce n’est pas la vraie vie.
Sauf que depuis quelques années, on a tenté de nous faire croire le contraire ! Et on a subi une déferlante de looks très « exigeants » : jupe crayon, stilettos, maquillage ultra travaillé, bustiers, skinny... Pas toujours confortables. Autrefois réservés au soir ou à certaines situations, ils sont devenus une norme à suivre. Certaines ne le supportent pas. C'est probablement ce qui a conduit en partie au port de pièces a priori hors jeu, comme une paire de sneakers IM ou un sweatshirt pour femme ESPRIT*.
« Si une chaise ne sert pas à s’asseoir, ce n’est plus une chaise », souligne Suzy Menkes. Et je pense qu’elle a raison. La mode doit aussi être portable donc un minimum confortable. Sinon, c’est d’abord frustrant, ensuite douloureux. Et puis, j’ai compris aussi que c’était un vrai défi. Quoi qu’on en dise, la féminité nous semble toujours plus facile à mettre en avant avec une jupe et des talons. Mais peut-être certains étalages de « codes féminins » nous mènent à revoir les choses ? Je crois que Kim K, entre autre, m’a dégoûtée des jupes + talons + top peplum. Donc, le temps qu’elle disparaisse des radars, je vais tenter des expériences avec des pièces moins marquées, pour voir ce qui reste de ma féminité lorsque j'en enlève les attributs ostentatoires... Comme ça, je pourrai répondre à la question d’Apodioxe : qu’est-ce qui nous rend féminine ??

*lien sponsorisé

PS je n'ai pas oublié Cacharel, bien sûr! Je travaille encore dessus et j'espère pouvoir le mettre en ligne très vite.

stelda

33 commentaires:

  1. Grande question régulièrement abordée dans les blogs de mode (Mode personnel(le), Garance Doré) mais dont on ne fait jamais le tour. Je crois d'abord qu'il faut distinguer deux sens du mot "confort" :
    - le fait de ne pas souffrir dans ses vêtements (classiquement : chaussures qui torturent, jupe ou pantalon trop serrés qui cisaillent la taille, haut qui empêche de respirer...) ;
    - le fait de ne pas sentir ses vêtements et de pouvoir bouger sans entraves.
    Bien sûr, le premier confort est un absolu car, comme tu le dis, si on grimace de douleur parce que les pieds sont tordus ou qu'on glisse en talon de 8cm sur des rochers, il n'y a là plus aucune élégance ou séduction. Pour le deuxième confort, c'est plus partagé. Je peux accepter des vêtements qui se rappellent à moi, me tiennent, modèrent ma démarche : une ceinture-corset, une veste un peu rigide, des talons (qui ne m'empêchent pas de marcher, mais me fait faire des pas plus petits), une jupe entravée. Pas tous les jours, certes, mais régulièrement.
    Enfin, je dirai qu'il faut distinguer le confort du "relâché" : il n'est pas besoin de porter un jogging, des baskets ou un vieux t-shirt pour être confortable...

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    1. J'adore ton commentaire, tu résumes très bien les choses. Je me souviens de l'article d'Isabelle. Il m'avait passionné. Il y a une différence entre confort et pratique, c'est vrai. Pour moi, le confort, c'est vraiment lié au douillet. Pour moi, les tissus "secs" ne seront jamais vraiment confortable. Je suis passée très récemment à des coupes plus amples pour mes tops et en fait, je préfère. Bon, le hic, c'est que ça ne colle plus à mes anciennes vestes :D.
      C'est différent du négligé ou de l'oubli total de réflexion sur sa tenue.

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  2. J'ai oublié : quant à ce qui nous rend féminine, c'est quelque chose de très subjectif il me semble. Je me suis longtemps sentie masculine quand je portais jean et derbies. Mais j'ai compris ensuite que c'était parce que je n'équilibrais pas ma tenue avec une pièce ou un accessoire plus fin, et que je n'étais pas condamnée à porter de grosses derbies en semelle de crêpe, qu'il en existait de plus fines et des colorées qui apportent du style et de la féminité.

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    1. Il faut aussi reconnaître que les stylistes ont bien revu les pièces dites "masculines", à commencer par les chaussures, les chemises, les manteaux...
      Je vais fouiller chez Garance Doré à la recherche de cet article ;-)

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    2. Il est très récent, deux ou trois jours tout au plus.

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    3. Aaaah, je l'ai retrouvé. Je ne l'avais pas vu, celui-là. Merci, Véronique :)).

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  3. Très bon article.
    Ça me rappelle un article que j'ai lu il y a quelques mois où Mr Louboutin disait que ses souliers étaient fait pour être beaux et pas pour être confortables! (Que les pieds de ses clientes reposent en paix...)

    N’empêche, côté confort et "adaptabilité tous terrains", il y a bien une pièce qui surpasse les autres, c'est bien le jean.

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    1. J'ai vu un bout de reportage sur les danseuses du Crazy Horse, chaussées de Louboutin... les malheureuses!! Tu me diras, ce n'est peut-être pas pire que des vraies pointes, je ne sais pas...
      Ok avec toi pour le jean (avec du stretch!!)

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  4. La souffrance inhibe tous les autres stimuli et ressentis, d'où l'impossibilité d'avoir de l'intérêt ou de la mémoire pour autre chose, comme tu le dis si bien.
    Si la souffrance est trop grande, c'est la perte de connaissance (mais il faut un sacré stade et la torture a de beaux jours devant elle...).
    La torture, justement, pourquoi se l'infliger ?? C'est ce qui se produit quand pour une question d'image de soi à renvoyer, on s'oblige à porter l'importable. Mais ça, c'est la théorie en vérité. Car ça ne m'a pas empêché, dans la vie et pas dans le discours, d'acheter des trucs (chaussures la plupart du temps) inconfortables à l'excès mais tellement beaux ! Faible je te dis :((

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    1. Non, tu me rassures! Et les psy intelligents que je connais ont des défauts parfaitement assumés ;-) Heureusement qu'on a des contradictions, finalement, c'est ça qui est drôle ^^

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  5. c'est à la fois vrai et faux, cette histoire de confort: ça dépend du degré d'inconfort que chacun peut supporter, en fait... Perso, j'arrive à être rigolote même si mes talons de 12 me font un peu souffrir en fin de journée. MAIS j'ai arrêté depuis longtemps d'acheter des talons de 12 sans plateau... Et porter du polyester me met bien plus mal à l'aise (question de "toucher" désagréable sur la peau) que souffrir un peu dans des escarpins vertigineux en fin de journée (bon, j'ai aussi dansé des ballets d'un 1/4 d'heure avec une ampoule à chaque orteil et néanmoins un immense sourire au public, donc ça doit, quelque part, marquer... et habituer à un peu de douleur)

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    1. Je dois être à peu près au même stade que toi sur l'échelle de Richter. Ce n'est pas la danse mais les écoles strictes. Mais je me demande parfois si je ne serais pas ENCORE plus rigolotte en pull irlandais plus confortable mais moins apprêté qu'une veste ?? Horreur, je viens de réaliser qu'il ne faut pas confondre apprêté et chic :D Bon, j'arrête de me prendre la tête, là.

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  6. Je suis de très près tes articles car je suis souvent dans l'interrogation. Je me demande comment font ces femmes pour porter des talons hauts alors que moi je ne peux à peine porter un talon de 5 cm parce que j'ai trop mal aux pieds ! Un jour, il va falloir que je fasse toutes les boutiques de chaussures de Bordeaux pour enfin trouver des chaussures qui rendent féminines mais sans forcément de hauts talons ! Mes converse commencent à me sortir par les yeux... Je peux attendre pour la réponse à ma question :-) (Tu viens de m'apprendre quelque chose, je ne connaissais pas le top peplum!)

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    1. J'ai enfin un début de réponse ci-dessus : ne pas confondre chic et apprêté, rien à voir. Le top peplum, j'ai trouvé ça ravissant et ça commence à me sortir par les yeux à force de le voir dans tous les magazines, su toutes les starlettes... Dommage, parce que peu osent encore le mettre dans la rue.

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  7. "La mode n'est pas faite pour être confortable".....chauuuuud !
    Perso, je pense que pour qu'elle se démocratise, la mode doit être confortable ! Je sais que si je ne suis pas confortable dans mes fringues, jme sens pas à l'aise moi.
    Jvois difficilement comment on peut avoir confiance en soi autrement. Et personnellement, quand j'achète de nouvelles fringues, c'est aussi pour me donner des coups de boost de confiance en moi (jsuis très achat de fringues pendant mes coups de déprime, rarement quand tout va bien ^^')

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    1. Voilà, il faut au minimum être à l'aise. Et sans doute, chacun a sa définition de l'aise ;-). Je m'achète souvent un truc pour fêter un évènement. Quand j'achète parce que je suis déprimée, la fringue me rappelle un mauvais moment :)

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  8. Pour le confort, je le recherche dans les chaussures sans négliger la ligne. Etant debout toute la journée, je trouve cela important.
    Pour les vêtements, je peux parfois porter des ceintures corsets, des jupes droites. Mais ces jours là je veux être une dame.

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    1. Tu rejoins Véronique, pour qui le vêtement peut aussi assurer un certain "maintien" ;-)

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  9. Je suis prête à souffrir ... mais un peu ! Personne ne me fera croire être mieux dans des escarpins stilettos que dans une paire de converse mais il faut trouver le juste équilibre. Bref, je fais des efforts et c'est parfois au détriment du confort mais dans la mesure du raisonnable.

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    1. Franchement, je ne suis pas mal à l'aise dans une paire de stiletto. Mais je suis certainement plus à l'aise en ballerines :). Tu nous ramène à cet équilibre, si difficile à trouver ;-)

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  10. Je pense que l'on peut être confort en jupe et talons à condition de bien choisir, par contre la féminité se résume pas à ça pour moi, des femmes avec un look boyish sont dix fois plus féminines que certaines qui ont mis en avant tous les codes dit féminin, la féminité c'est une attitude pour moi, pas un vêtement, sujet sur lequel on peut débattre sans fin, des bisous.

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    1. Justement, c'est très énervant de ne pas trouver une réponse claire à ce mystère :)). Gros bisous, Blandinette!

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  11. Le confort, pour moi, c'est la clé. Si un vêtement ou une chaussure me plait mais qu'elle n'est pas confortable, je ne prends pas. C'est en partie pour ça que je ne mets plus de talons : ça me tue le dos, qui est déjà sensible à la base, donc j'ai arrêté pour ne pas que ça empire. Pareil que les matières en synthétiques, je regarde tout le temps les étiquettes, quand je vois une pièce qui pourrait m'aller c'est ce que je regarde en premier ! Si c'est beau mais qu'il y trop de polyester/autre cochonnerie, je remets en rayon. Et ça me fait faire des économies :-)

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    1. C'est vrai qu'il n'y a pas que la coupe : un beau pull qui gratte, c'est horrible!!!!

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    2. C'est clair, je crois qu'il y a pas pire !

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  12. Un foulard en soie ! Ca ya rien de plus confortable !
    Si je pouvais je ne me vetirais que de soie, mais pas les moyens et puis nettoyer à la main... pas tous les jours.

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    1. Je te vois bien dans les longues robes sari d'Hermès :))

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  13. Je ne dois pas suivre la mode alors, car por moi impossible de souffrir pour porter quoique ce soit !
    Je n'aime pas les contraintes en fait
    Je pense que c'est comme tout, jusqu'où ?
    Mais bon je ne juge pas et je pense aux japonaises à qui on cassaient les pieds...
    Moralité entre le corset et les chaussures inconfortables nous n'avons rien inventer
    Gros bisous

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    1. Au vu des pieds bandés et cassés des petites japonaises, les talons de 12 ne sont en effet pas grand chose :D

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  14. Plus jeune à 20 ans (il y a dix ans déjà larmichette) je portais des fringues torture mais peu m'importait je souffrais en étant gracieuse. Aucune idée de comment je supportais, quand je revoit des photos je me demande encore. Mais depuis qq années j'aime le confort, être à l'aise dans mes fringues, pas engoncé, des chaussures pas douloureuse sinon je me sens très mal à l'aise. Mais je ne renoncerai jamais à l'élégance donc même si j'ai lâchée quelques pièces trop exigeante pour le reste je recherche ce qui va allier silhouette élégante et confort. Mais finit les fringues de représentation où on ne peux rien faire dedans!
    Il n'y a que les talons où j'insiste. Je ne suis pas forcément aussi à l'aise que dans du plat mais ça me force à me tenir droite et quand j'enfile des talons je me sens immédiatement plus féminine, plus élégante j'adore cette sensation!

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    1. Tu as raison : une paire de talons change tout! C'est la dernière chose à laquelle je renoncerai... même si je suis contrainte de faire des concessions sur la fragilité des chaussures à cause des petits ;-)

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  15. Bon Carla, je m'en méfie depuis un moment (surtout depuis le fameux plus besoin de féministes à notre époque...). Mais si en plus elle nous sort une énormité pareille, je la boude carrément. On peut porter de très hauts talons tout en étant confortable (bonjour les plateaux !), et une robe n'a pas besoin d'être serrée au point de ne plus pouvoir nous laisser respirer ! Non vraiment, la mode sert (à mon humble avis de petite ex blogueuse beauté) à nous faire sentir à l'aise, autant physiquement que psychologiquement.

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    1. Les plateaux ont été une belle invention mais j'avoue que je fais un peu une overdose... à force d'en voir de toutes les couleurs, je commence à rêver d'escarpins "comme autrefois". Et puis la ligne est plus jolie sans plateau, je trouve. Mais il ne faut pas dépasser 8 cm, au-delà, ça devient importable (cf les chaussures Mellow Yellow bordeaux...)

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