Jean-Paul Gaultier (1954-) |
C'est un peu notre Vivienne Westwood à nous... JPG partage avec la styliste anglaise des racines grunge décalées et féminisées. Une chose est sûre : cet homme qui sent le vent de l'époque mieux que personne est tout sauf une feuille morte. Il y a du lourd sous sa légèreté (oui, pour Noël, ce petit blagueur avait envoyé des dindes à certaines rédactrices de magazines).
Icône de mode et créateur le plus détonnant des années 80 : mélange de style punk à faire perdre leur dentier aux rombières et de coupe digne des plus grands classiques... Une veste Gaultier se garde une vie. Ultra cintrée, à basques ou perfecto, les coupes sont intemporelles, la qualité parfaite. Et le Diable est dans le détail : motifs / zigzag contrastant / revers de manches décalés ou matière improbable... Il y a 10 ans, j'ai croisé une fille vêtue d'une robe Gaultier. Grise, longue, moulante, avec des coutures rouge à l'encolure qui formaient comme des coulures de sang. Ce n'était pas trash, c'était baroque et magnifique.
modèle Haute Couture Eté 2006 |
Sous sa brosse blonde péroxydée, Gaultier est inoxydable. Son parfum est devenu un classique, sa marinière intemporelle, son style canaille une référence : cet espiègle a conquis le monde. Sans doute parce qu'en achetant du Gaultier, on s'offre un peu de sa générosité et de sa fantaisie.
Son premier mentor dans la couture est Pierre Cardin qui l'embauche à 18 ans à la seule vue des dessins que JP lui envoie par la poste. Cardin, touche-à-tout foufou et génial et qui lui aussi a fait monter la mode de la rue.
Un petit tour chez Esterel, Patou... puis retour chez Cardin avant de lancer sa première collection, en 1974.
modèle 1976 |
Elle passe totalement inapperçue. Pourtant, il y avait mis tout son coeur : collection de bric et de broc, avec des vestes en canevas, des robes taillées dans des sets de table en raphia et des perfecto de cuir clouté de diodes portés sur des jupons de tulle (si ce n'est pas précurseur, je ne m'y connais pas). Ca commençait sous les meilleures auspices pour notre ami, qui entre en Classe Affaire au Panthéon des génies incompris.
C'est un fabricant japonais qui lui met le pied à l'étrier en lui demandant une première collection, "Grease" : t-shirts et tutus.
Et petit à petit, Jean-Paul fait son nid, ses défilés deviennent un moment incontournable des présentations PAP. Ses codes punk entrent dans la mode et gagne les défilés haute-couture lorsqu'il créé sa maison en 1997, soutenu par Hermès.
Hermès - Eté 2010 |
Hermès - hiver 2010 |
Traditionnellement, la Chambre de la Haute Couture choisit pour clore la Fashion Week parisienne le créateur le plus en vogue, celui dont le seul nom suffira à mobiliser les rédactrices jusqu'au dernier jour. Autrefois, c'était Yves Saint-Laurent, aujourd'hui Gaultier : l'enfant terrible de la mode est bel et bien dans la cour des grands. Sa tessiture est exceptionnelle : il peut faire tous les styles, tous les genres. Du plus classique (le trench beige) à la combinaison en voile brodées de faux tatouages. J'ai d'ailleurs eu beaucoup de mal à sélectionner des images, j'avais envie de tout prendre.
modèle Haute Couture Eté 2012 |
modèle PAP 2009 |
Il fonctionne avec des gueules plutôt qu'avec des porte-manteaux et ce n'est pas que pour le buzz. On le sent attiré par les personnalité atypiques. Beth Dito, Crystal Renn, Valérie Lemercier, Mylène Farmer, Inès de La Fressange, Zombie Man, meneuse de revue... Ce qu'il aime, c'est le charisme, pas la plastique froide.
Depuis toujours, noires, blanches, grosses, maigres, tatoué(e)s, vieilles, jeunes défilent. Peu importe. Il prend tout, il secoue et en fait un feu d'artifice. Gaultier, c'est vivant et l'allure est première servie. Les mannequins ont le droit de sourire, de bouger, de prendre des poses.
Son défilé dans la rue était une idée géniale, une idée rare. Oui, pourquoi les "vrais gens", ses clientes, celles qui aiment son travail ne pourraient-elles pas le voir de près ?
Il a le courage de s'amuser là où tant d'autres se montent la tête ou se jettent dans le policé à but mercantile. On dirait un enfant émerveillé : "oh, un tatouage!! c'est joli! tiens, je vais en mettre partout". Et boum! une collection tatouée de la tête aux pieds.
Comme Cardin, Jean-Paul Gaultier est un costumier dans l'âme : Madonna, Kylie Minogue, Mylène Farmer, les Rita Mitsouko... lui ont confié leurs tenues de scène. Il a habillé Le 5° élèment, La Cité des Enfants Perdus, et plusieurs actrices dans différents films.
Sa collection Hiver 2011-2012 est "anti-jeuniste". Il fait défiler les mannequins en cheveux gris ; une dernière déclaration de guerre au politiquement correct, la suite logique de ses autres combats : contre le racisme (il est l'un des rares à avoir fait défiler depuis toujours des mannequins de toutes origines), ses pieds de nez à la femme objet en imposant l'homme objet.
Il a été l'un des rares à soutenir Galliano (non sur ce qu'il avait dit mais en tant que personne) et à refuser de tirer sur l'ambulance. Une fidélité et une honnêteté tellement incongrues qu'elles témoignent d'une vraie bienveillance et donnent envie de le rencontrer.
Depuis toujours, noires, blanches, grosses, maigres, tatoué(e)s, vieilles, jeunes défilent. Peu importe. Il prend tout, il secoue et en fait un feu d'artifice. Gaultier, c'est vivant et l'allure est première servie. Les mannequins ont le droit de sourire, de bouger, de prendre des poses.
modèle PAP 2012 |
Il a le courage de s'amuser là où tant d'autres se montent la tête ou se jettent dans le policé à but mercantile. On dirait un enfant émerveillé : "oh, un tatouage!! c'est joli! tiens, je vais en mettre partout". Et boum! une collection tatouée de la tête aux pieds.
Comme Cardin, Jean-Paul Gaultier est un costumier dans l'âme : Madonna, Kylie Minogue, Mylène Farmer, les Rita Mitsouko... lui ont confié leurs tenues de scène. Il a habillé Le 5° élèment, La Cité des Enfants Perdus, et plusieurs actrices dans différents films.
collection JPG pour La Perla |
Il a été l'un des rares à soutenir Galliano (non sur ce qu'il avait dit mais en tant que personne) et à refuser de tirer sur l'ambulance. Une fidélité et une honnêteté tellement incongrues qu'elles témoignent d'une vraie bienveillance et donnent envie de le rencontrer.
Ses pièces phares sont aussi variées que ses collections :
- masculin/ féminin : trench, marinière, bretelle, pantalon à pont
- lingerie : bustier, porte-jaretelle, rose poudré, satin, dentelle
- tatouages, piercings, métal, boucles et sangles
Enfin, mention spéciale aux maquillages et coiffures de ses défilés : ils donnent souvent le la des tendances de la saison et sont décortiqués à la loupe. Ce cher Jean-Paul ne laisse rien au hasard!
Pour aller plus loin : Jean-Paul Gaultier, site officiel
L'exposition Gaultier à Montréal, sur le blog de James Bort
Un extrait de coulisses d'un défilé JPG (documentaire de William Klein)
Bel hommage, il devrait te lire JPG !
RépondreSupprimerJ'aime particulièrement ton clin d'oeil à Ines ; toujours magnifique !
Bonne journée !
il est top, ton post. Tu devrais le lui envoyer. Ce type a l'air hyper sympa, en plus, un peu comme un Yannick Noah de la mode, proche des gens et de l'air du temps, tout en étant au-dessus en tant qu'artiste, parce que bon, faut reconnaître que son génie survole tout le monde, hein...
RépondreSupprimerJ'adoooore (comme d'habitude) tes portraits de créateurs !! J'apprends toujours plein de choses et ça donne une autre vision de ces grands noms de la mode !
RépondreSupprimerExcellent le coup de l'envoi des dindes XD !!
@ Valérie et Jicky : il m'a inspirée, j'aime son côté léger et pro qui n'en fait pas trop.
RépondreSupprimerJ'aimerai bien qu'il me lise, c'est sûr ;-)... vous avez son adresse ? Ca se fait, de poster ça sur sa page FB ? :D
D'ailleurs, la photo de profil vaut le détour : il embrasse un coq!!
@ Pipou : je ne les ai pas rencontrés, hélas mais j'essaye de percevoir leur personnalité, leurs motivations derrière leurs oeuvres. Et si je réussis à vous le faire ressentir, alors suis ravie!
L'humour de JPG n'a pas fait marrer les poulettes, paraît-il : une preuve de plus que les magazines devraient un peu se dépoussiérer, non ?
Quelle intraveineuse de culture!
RépondreSupprimerJ'ai adoré ton article Stelda <3
Gabee, tu m'as tuée!!! "intraveineuse de culture", ça fait un peu peur, j'ai l'impression de vous shooter :D Mais c'est la faute de Jean-Paul : il y a trop à dire, je ne pouvais plus m'arrêter...
RépondreSupprimerUn magnifique hommage d'un créateur que j'adore, il a révolutionné notre façon de nous habiller, c'est vrai une pièce Gauthier, c'est pour la vie, à bientôt.
RépondreSupprimerj'aurais bien aimé voir la tête des rédactrices recevant leur dinde !!
RépondreSupprimerExcellent article! Merci Stelda.
Je suis fan de Jean-Paul Gauthier depuis les années 80.
RépondreSupprimerJ'aime son coté provoc pour le milieu et son imagination.
@ Blandinette : je ne suis pas surprise qu'il te séduise toi aussi ; il te correspond bien ;-) Je suis contente de ne pas l'avoir trahi, ce n'était pas facile! Et tu dis très vrai : il a révolutionné notre façon de nous habiller... Bisous
RépondreSupprimer@ Gweny : merci, ta fidélité me touche beaucoup ;-) moi aussi, j'aurais aimé voir ça! un envol de dindes chez MC ou Vogue, ça doit valoir le coup d'oeil :D
@ Christine : tu le résumes parfaitement en une phrase : provoc pour le milieu car au fond, il n'y a pas plus conformiste que le milieu de la mode :D
D'ailleurs, tiens, je devais faire un dessin, et tu m'as suffisament inspirée pour que j'aie enfin envie de m'y mettre. Est-ce que tu connais cette vidéo géniale, où les mannequins ont leur mot à dire, où chacun y va de son appréciation... Maintenant on n'oserait plus. On est passé à la phase mythe. )
RépondreSupprimerhttp://www.artevod.com/bandeAnnoncePlayer.html?ficheId=589
Eudoxie, merci pour le lien! Je ne connaissais pas et je l'ajoute à la fin de l'article.
RépondreSupprimerJ'aime le mot de la fin : "on peut éduquer le regard des autres" Yes, yes, yes!!
Et je me demandais si toute cette gaieté n'allait pas te titiller pour nous faire un beau dessin... suis drôlement contente que tu m'entendes penser ;-)